CE JOUR-LÀ… 2 juillet, comme aujourd’hui…
Le 2 juillet 1706, Kimpa Vita, prophètesse et mère de la révolution africaine, est brûlée vive à l’âge de 24 ans avec son compagnon et son bébé. Elle avait été jugée comme hérétique et ennemie du roi portugais. Elle luttait pour la réunification du royaume Kongo.
Née entre 1684 et 1686 dans une famille de la noblesse kongo, Kimpa Vita aurait été baptisée par un prêtre métis originaire d’Angola, Luis de Mendonça. À l’époque, une grande partie de la population du royaume du Kongo est catholique, depuis le baptême, de Nzinga Nkuwu. Kimpa Vita va grandir à une époque où la guerre civile fait rage entre différentes factions au sein du royaume de Kongo, affaibli par des conflits incessants avec le Portugal (bataille d’Ambuila) et certains peuples voisins.
Dès sa jeunesse, elle est reconnue comme « nganga marinda » (intermédiaire entre hommes et le monde des esprits). Elle va être initiée au sein de la société secrète dite « kimpasi » (délivrait les gens des forces du mal à travers des cérémonies d’exorcisme « mbumba kindonga »). Kimpa Vita a été influencée par les prophéties d’Appolonia Mafuta « Fumaria », qui annonçait un châtiment divin et se promenait avec une pierre qu’elle présentait comme la tête du Christ, déformée par la méchanceté des hommes.
A partir de 1703, Kimpa Vita dit recevoir des révélations, et annonce que Dieu punira les habitants du royaume si ce dernier n’est pas réunifié, avec pour capitale São Salvador. Le roi Pedro IV prend connaissance de son message, mais garde ses distances avec elle. Autoproclamée « envoyée de Dieu », elle fonde le culte antoiniste, qui appelle à lutter contre l’emprise portugaise. Différents miracles lui sont attribués dans les villes et son mouvement attire des milliers de fidèles, jusqu’à la propre femme du roi Pedro IV.
Contre le cérémonial, les fétiches ou la prière, elle plaide l’action et l’intention : « Le baptême ne sert à rien, Dieu ne retient que l’intention ». La puissance de son aura effrite massivement les visées des missionnaires portugais et capucins. Le danger est d’autant plus grand pour les colons. Les fidèles de Kimpa Vita, désireux d’acquérir leur indépendance, sont aussi formés à l’art de la guérilla. Face à la puissance du mouvement, le roi Pedro IV décide de s’allier avec les Européens, contre la prophétesse. Ses compagnons d’armes sont arrêtés et Kimpa Vita est retrouvée dans une contrée, en train d’allaiter un bébé. Une aubaine pour ses détracteurs, qui en profitent pour briser le mythe de la Sainte Vierge qu’elle s’était forgé.
Kimpa Vita est alors jugée comme hérétique et ennemie du roi. Elle est envoyée sur le bûcher par les capucins, brûlée vive à l’âge de 24 ans, dans la ville d’Evolulu (près de Mbanza Kongo), avec son compagnon Barro, et son bébé.
Les messianismes congolais et angolais du XXème Siècle (matswanisme, kimbanguisme et tokoïsme) font référence à la figure de Kimpa Vita qu’on surnomme parfois surnommée la « Jeanne d’Arc congolaise » en raison des ressemblances entre sa biographie et celle de Jeanne d’Arc. Kimpa Vita fait partie des rares personnalités ayant vécu sur la côte atlantique de l’Afrique à cette époque au sujet desquelles il existe d’abondantes sources écrites : journaux, rapports et lettres de 4 missionnaires capucins italiens actifs dans la région.
Benjamin Babunga watuna