Hiphop / Article : « Dark Skinned Assassin : L’Authenticité d’un Rappeur Hors du Temps. » – 30 Novembre 2024 – FirebarzzzCom 


Dark Skinned Assassin : L’Authenticité d’un Rappeur Hors du Temps

Entre timbre unique, héritage Wu-Tang et sincérité brute, DSA incarne une époque où le rap frappait fort et restait vrai.

Par Firebarzzz

30 Novembre 2024


Dark Skinned Assassin : un voyage à travers les luttes, la réinvention et le retour au hip-hop

Depuis ses débuts, j’ai toujours apprécié Dark Skinned Assassin pour son authenticité brute et sans concession. En l’écoutant, on ne peut s’empêcher de remarquer que son timbre de voix rappelle celui de Raekwon du Wu-Tang Clan. Ils ont évolué à la même époque, cette période bénie où Raekwon participait activement à des albums légendaires comme celui du Wu-Tang sorti en 1993, un classique indétrônable. Cette ressemblance n’est pas qu’auditive, elle reflète aussi un état d’esprit commun : celui d’un rap qui puise sa force dans la rue, la vérité et une sincérité artistique impossible à feindre.

Aujourd’hui, l’industrie musicale à beau être en évolution, une chose reste immuable : l’authenticité ne s’achète pas chez l’épicier du coin. À mon sens, la majorité des rappeurs actuels ne savent plus rapper ou ont perdu cette essence qui faisait vibrer l’âge d’or du hip-hop. À l’époque, il suffisait de prendre n’importe quel MC du Wu-Tang Clan – peu importe lequel – et on savait qu’il allait défourailler le beat à sa manière, avec un style unique. On retrouvait cette même puissance dans les groupes affiliés comme Sunz of Man, Wu-Syndicate, GP Wu, Killarmy, ou encore DSA Chacun avait sa propre identité mais partageait cette rigueur, cette énergie et cette passion authentique pour le rap.

Cette époque me manque, car les artistes savaient captiver en mêlant technique, poésie et vérité. Dark Skinned Assassin appartient à cette lignée : un rappeur pur et sans compromis, dont l’authenticité dépasse les modes et les tendances.

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Au milieu des années 90, une nouvelle voix émerge sur la scène hip-hop underground : Dark Skinned Assassin. Rappeur au jeu féroce et à l’authenticité brute, DSA se fait remarquer pour la première fois en 1996 avec son EP autoproduit Lock Shit Down/Gotta Get the Cream . Le projet fait rapidement des vagues, grâce à son lyrisme captivant et à son énergie indéniable. Son affiliation au Wu-Tang Clan, ainsi que le soutien de poids lourds comme Funkmaster Flex, Dame Dash et d’autres géants de l’industrie, semblent lui assurer une carrière réussie à l’horizon.

Lock Shit Down (1996)

Gotta Get The Creme (1996)

Mais la trajectoire prometteuse de sa carrière s’est brusquement arrêtée. Après une série d’événements malheureux, DSA s’est retrouvé face à une peine de prison, une réalité qui allait changer le cours de sa vie. Ses « vacances dans le nord de l’État », une peine de trois ans derrière les barreaux, l’ont non seulement éloigné de la scène musicale, mais l’ont également forcé à affronter des démons personnels qui allaient façonner son parcours pour les années à venir.


Un retour amer à la liberté

À sa sortie, le monde du hip-hop avait évolué sans lui. Le buzz autour de DSA s’était estompé et il se retrouva à lutter pour trouver sa place dans une industrie qui avait radicalement changé pendant son absence. L’industrie qui l’avait autrefois accueilli avec enthousiasme semblait lointaine et les rues étaient devenues plus froides. Malgré cela, il refusa d’abandonner sa passion pour la musique. Avec la soif d’un artiste qui avait tout perdu, DSA canalisa ses expériences vers de nouvelles expressions créatives.

Pendant son absence, des rumeurs ont circulé sur les allées et venues du rappeur. Certains ont même affirmé qu’il était enfermé en Russie, ce qui a renforcé le mystère qui entoure sa personnalité. Pourtant, malgré ces rumeurs et ces années passées loin des projecteurs, le nom de l’artiste n’a jamais complètement disparu. Une nouvelle génération de fans de hip-hop a redécouvert DSA à travers ses premières œuvres, tandis que son style brut et sans complexe a commencé à résonner en eux comme jamais auparavant.


Se réinventer : Dr Ama

Pour consolider encore davantage son statut énigmatique, DSA a créé un alter ego : le Dr Ama (Deadly Rhyme Alters Man’s Attitude). Ce personnage est né des luttes personnelles profondes auxquelles DSA a dû faire face, ainsi que d’un hommage à Amadou Diallo, le jeune homme innocent tragiquement abattu par la police de New York en 1999. L’alter ego symbolisait non seulement le parcours de l’artiste, mais aussi la colère, la douleur et la résilience qui ont alimenté sa production créative.

Dr. Ama « From Me To WuTangClan »

Le Dr Ama est devenu plus qu’un simple personnage ; c’était une représentation de tout ce que DSA avait traversé, de son incarcération aux luttes systémiques qui ont affligé sa communauté. C’est à travers ce nouveau personnage que DSA a trouvé un nouveau moyen de se connecter avec ses fans, tout en explorant les complexités de sa propre psyché.


Split Personali-d : Le retour officiel

Le retour tant attendu de DSA sur la scène hip-hop a été marqué par la sortie de Split Personali-d , un album qui mettait en valeur ses deux personnages, Dark Skinned Assassin et Dr. Ama. Le projet, produit par le génie derrière Killarmy et Lil’ Flip , Falling Down, mélangeait des rythmes street-smart avec des paroles introspectives. DSA a utilisé cet album pour reprendre sa place dans le hip-hop, tout en réfléchissant à sa croissance et à sa transformation en tant qu’artiste.

L’album est une vitrine puissante de son talent, avec un mélange d’hymnes de rue bruts et de morceaux introspectifs. La présence d’artistes invités comme Block McCloud (Brooklyn Academy), BlakkStarr, Fresh Jones et J Maul a encore renforcé la richesse sonore de l’album. La production, renforcée par le travail de 100 Grand (connu pour ses contributions à Salt-N-Pepa) et Kwiz (qui a travaillé avec TI), a fourni la toile de fond parfaite pour que le lyrisme brut et les doubles personnalités de DSA brillent.

Ce qui a permis à Split Personali-d de se démarquer, c’est la façon dont DSA a mis en lumière à la fois son passé et son présent. Il a fusionné les aspects endurcis et débrouillards de son personnage avec le côté réfléchi et politiquement conscient du Dr Ama, offrant une vision unique et convaincante de l’état du hip-hop et de sa place en son sein.


L’héritage de DSA

Bien que son passage sous les projecteurs ait été bref, l’héritage de Dark Skinned Assassin est indéniable. Son histoire est celle d’un combat, d’une réinvention et d’une passion inébranlable pour la musique. Le parcours de DSA témoigne de la résilience de l’artiste, de sa capacité à tomber, à se relever et à réapparaître même après les circonstances les plus difficiles.

Alors que DSA continue d’évoluer en tant qu’artiste, son influence sur le hip-hop ne peut être sous-estimée. Sa capacité à rester fidèle à ses racines tout en se réinventant à chaque sortie prouve que même face à l’adversité, un véritable artiste ne cesse jamais de créer. Avec Split Personali-d , DSA prouve une fois de plus que la flamme qui a commencé au milieu des années 90 ne s’est jamais éteinte – elle n’a fait que se renforcer.


Interview

DSA : « Je suis né à Harlem, les choses sont devenues compliquées pour ma mère et nous, alors on a déménagé dans le sud-est de Washington, DC, puis plus tard en Caroline du Nord, mais je suis retourné à New York, vivre avec mon père à Staten Island, jusqu’à ce qu’on ait quelques altercations. J’ai commencé à me débrouiller dans la rue, à faire des mouvements dans le quartier, puis un jour, quelques bons potes m’ont apporté aux. Maisons Stapleton où j’ai rencontré RNS et RZA.

Ma mentalité à l’époque était de chercher, détruire, conquérir. Un soir, il y avait une soirée dans une maison à Staten Island et quelques MCs bien connus du quartier étaient là. Soudain, un de mes potes m’a informé qu’un mec me provoquait pour que je prenne le micro après Brown Hornet, (je pense qu’ils voudraient comparer mes compétences aux autres). Alors j’ai balancé un freestyle sur un break beat, « shut shit down », j’ai lâché le micro et commencé à m’éloigner. Tout à coup, toute la fête s’est tue pendant quelques secondes, puis c’est devenu fou !! Des cris, des acclamations, des sifflements, (quelqu’un a même tiré quelques balles), c’était épique. Quelques jours après, je suis retourné aux Stapleton Houses, et RNS a exprimé son intérêt pour qu’on enregistre ensemble. J’étais motivé ! J’avais entendu parler de RNS comme producteur, donc l’énergie était réciproque. Pendant qu’on s’enregistrait, ce même jour, RZA et quelques gars sont arrivés en studio, (à l’époque, le studio de RNS était installé dans son appart à Pees), RZA a écouté et a commenté, « ça sonne dope, le dieu à son propre style ». GP et Wu-Tang étaient définitivement inspirants et authentiques lors d’un interagi. Vivre ce style de vie, le gangsta rap c’était facile, mais il y avait bien plus dans mon esprit, alors j’ai voyagé à travers NYC pour libérer la tension intérieure. DJ ILL avait un studio à Queens à l’époque, je vivais à Brooklyn. Je faisais le trajet de BK à SI, à Queens, puis à Manhattan pour enregistrer, puis je filais au Bronx pour bosser et à Manhattan pour un job à mi-temps. DJ ILL a passé des heures de folie. Il avait son propre groupe, X-tra Pleza, plus les jeunes (ENY) Pressure et L Murda, (Uncle Murda pour la plupart), Mic Handz, Zodiac et Zig Zag, quelques autres et moi. On collaborait tous ensemble, puis on enregistrait des morceaux chacun de notre côté. Le studio de Queens avait une ambiance familiale. Je suis rentré et j’ai entendu le morceau de « Lock Shit Down » et j’ai immédiatement eu envie de poser dessus ! ILL m’a dit « laisse-moi entendre ce que tu as écrit »… J’ai balancé le couplet puis sur un enregistré toute la chanson ce jour-là. Peu après, j’ai rencontré Victor Flowers, (qui a produit « The Horror » et « Gotta Get the Cream »), et sur un plan artistique naturellement connecté. »

Puis il a disparu à cause de problèmes judiciaires sans jamais sortir d’album…

DSA : « J’ai eu la chance d’être en vie et de pouvoir sortir un peu de musique, faire une promotion minimale, rencontrer et établir un réseau avec quelques personnes, tout en étant en procès pour plusieurs délits graves. Une des accusations a été abandonnée sur une question technique, l’autre a été rejetée au tribunal après que mes avocats ont déposé une motion Clayton Mais le procureur de Manhattan n’a pas été satisfait et a déposé une motion d’appel. en cour d’appel. laisser moi derrière cinq contrats potentiels avec des grandes maisons, ma famille, mes amis, ma liberté, ma compagne et mon fils de 1 an, que j’aime énormément. EP… J’étais en colère contre moi-même et contre le monde, car j’avais l’impression d’avoir laissé tomber tous ceux qui me soutenaient.

En réintégrant la société après ma peine de prison, j’ai décidé que l’industrie musicale n’était pas aussi importante que d’être là pour l’enfant qui n’a jamais eu la chance de connaître son père. De plus, le déclin de la qualité et les politiques de l’industrie ont commencé à polluer la pureté de cet art, alors je suis resté en dehors du système et j’ai changé avec ma nouvelle famille dans un autre état (mais, artiste un jour, artiste toujours). Un an ou deux plus tard, je me retrouvais à voyager 1 100 kilomètres juste pour enregistrer à New York quand on me le demandait. »

Un étrange EP est sorti vers 1996 avec trois morceaux inédits produits par RNS : « Life of a Shorty » feat. No Smiles aka Tommy Whispers, « Untitled Raw Shit » et « Smoke In Ya Face » , mais il s’agit d’une sortie non officielle…

DSA : « Je ne sais pas qui a sorti le Down Low Wreckege EP , j’étais incarcéré à ce moment-là… »


Dark Skinned Assassin Freestyle On Stretch Armstrong & Bobbito Show (Very Very Rare) Feat. RS & Lazy K

« Unholy » est le single principal du disque. Une vidéo du morceau existe mais n’a jamais été publiée et le morceau n’a pas eu le même succès que « Lock Shit Down » mais il a été joué à de nombreuses reprises par Stretch & Bobbito cette année-là. D’ailleurs, DSA a été invité sur WKCR avec Gauge the Mental Murderah le 17 octobre 1996 pour la promo de son 12″. Voici leurs freestyles et interviews.

Dark Skinned Assassin Freestyle On Stretch Armstrong & Bobbito Show Feat. RS & Lazy K.

The Horror (1995)


Pop  Da Brown Hornet ft Dark Skinned Assassin « GP Connections » (1996)


Unholy (1996)


Dark Skinned Assassin « The Spirit »


Liens

Lock shit down

https://youtu.be/lmNWILXgVJw?si=ZqVjI0R6K7MzTN53

The spirit

https://youtu.be/QOne6jFtcLY?si=OxFwYa0GtbsiHNmS

Gotta get creme

https://youtu.be/ZEW9RBvHq28?si=BODVttO6VUOz3ByL

Unholy

https://youtu.be/xV4Ox9t6tzQ?si=Cdj2rJqmy_Vkc1KO

From Me To Wu

https://youtu.be/yEsEsPtCr18?si=2DWJMYPKT1Af_TqR

Freestyles Stretch & Bobbito

https://youtu.be/1NUKI_qKEDU?si=buxzgKCrk0M7Ygac

The Horror

https://youtu.be/kMOqtraLhfs?si=fTmD3Kd5WE_2KUlW

GP connection

https://youtu.be/jq3JKLbEASg?si=cbphzsCbXr8YLSND


Author: Firebarzzz

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