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Fesu – Life Goes On : un trésor caché du hip-hop texan des années 90
Au milieu des années 90, alors que le rap américain est dominé par la rivalité East Coast / West Coast, une autre scène, plus discrète mais tout aussi créative, émerge dans le Sud des États-Unis. C’est à Houston, Texas, que Fesu dévoile le 23 avril 1996 son unique album Life Goes On, une œuvre rare qui illustre parfaitement la richesse et la diversité du hip-hop sudiste avant son explosion commerciale de la fin de la décennie.
Un contexte texan en pleine effervescence
En 1996, Houston est déjà un vivier de talents. Si des figures comme Scarface ou les membres de Geto Boys ouvrent la voie, Fesu s’inscrit dans une mouvance plus underground, combinant la dureté du gangsta rap avec une fibre consciente et spirituelle. Son album Life Goes On en est la preuve : il reflète les luttes et les espoirs de sa communauté tout en affirmant une identité propre, à la croisée de la rue et de la réflexion.
Un tracklisting qui raconte une histoire
L’album s’ouvre sur « Intro », une courte mise en scène vocale interprétée par Warren X. Fitzgerald, qui place d’emblée l’auditeur dans un univers introspectif. Puis viennent « Blood, Sweat & Tears » et le titre phare « Life Goes On », où Fesu évoque la résilience face aux épreuves. Sur « What You See », il poursuit sa peinture réaliste de la vie de quartier, avant de laisser place à « Vision », un interlude où Fitzgerald prête à nouveau sa voix. « Givin’ Up Tha’ Funk », écrit et interprété par Deric « Stress » Muhammad, injecte une énergie plus festive, presque P-Funk. Le morceau *« South Sh@ »**, avec les featurings de A.C. Chill, K-Rino et Trey, revendique fièrement les couleurs du Sud, confirmant l’enracinement de l’album dans la culture texane. D’autres titres comme « Cursin’ On The Church Ground » ou « Locked Up » (avec Addy Muhammad et Ronald « T.K. » Mims) témoignent de la dualité entre spiritualité et réalité de la rue. La conclusion, « Melissa », adoucit l’ensemble sur une note plus personnelle.
Une production soignée et authentique
Enregistré et mixé au Papion Sound Studio, Life Goes On bénéficie d’une production artisanale mais ambitieuse. Ronald « T.K. » Mims signe l’ensemble du projet, tandis que Yusef Farid Muhammad écrit la majorité des textes (pistes 1 à 4 et 7 à 12). On retrouve également les interventions de Leonardo X sur plusieurs morceaux, apportant des textures vocales variées. L’identité visuelle est confiée à Funky Wisdom Graphics, avec une photographie signée Eriell Muhammad, renforçant le caractère homemade et communautaire du disque. Fabriqué et distribué par R & D Productions et pressé par Rainbo Records, l’album a circulé principalement dans les circuits indépendants, ce qui en fait aujourd’hui un véritable objet de collection.
Un pont entre gangsta rap et conscience sociale
Si Fesu ne renonce pas à l’esthétique du gangsta rap, il l’équilibre avec une profondeur réflexive qui le rapproche du rap conscient. Des titres comme « Blood, Sweat & Tears » ou « What You See » dépassent le simple récit de rue pour interroger les conditions de vie, la foi et la résilience. Cette double dimension – dureté et spiritualité – confère à Life Goes On une personnalité unique au sein de la scène hip-hop sudiste de l’époque.
Un classique méconnu
Près de trente ans après sa sortie, Life Goes On demeure un disque culte pour les crate-diggers et les passionnés de rap régional. Son mélange de gangsta, de conscience et de sonorités typiques du Sud préfigure en partie la vague Dirty South qui allait exploser à la fin des années 90. Pour les amateurs d’histoire du hip-hop, il reste un témoignage précieux d’une époque où l’indépendance et la créativité prenaient le pas sur la recherche de hits.
Entre introspection et fierté régionale, Fesu signe avec Life Goes On un album rare et puissant, symbole d’une Houston underground qui, dès 1996, posait déjà les fondations d’un héritage musical toujours vivant.
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