Makomé M’Bowolé et la Bavure qui n’a Rien Changé
En 1993, la France a été secouée par la mort brutale de Makomé M’Bowolé, un garçon de 17 ans, abattu d’une balle dans la tête par un inspecteur de police dans un commissariat du 18e arrondissement de Paris. Ce n’était pas une bavure, c’était un assassinat pur et simple, un drame qui a cristallisé l’expression « bavure policière ». Mais au-delà des manifestations éphémères et des paroles vaines, qu’est-ce qui a réellement changé dans ce pays ?
Rien.
Aujourd’hui, les violences policières continuent, les quartiers populaires sont des zones de non-droit, non pas parce que les jeunes sont violents, mais parce que l’État les a abandonnés, marginalisés, criminalisés. Le rappeur Rocca le disait dans Le Hiphop Mon Royaume : « si un flic m’sûragresse, sois qu’il sera dans mon texte ». Mais où sont ces textes aujourd’hui ? Qui ose encore dénoncer la brutalité d’un système répressif ? Le silence est devenu la norme, la soumission un mode de vie.
Le Silence Assourdissant des Révoltés
Autrefois, les rebelles étaient respectés, les mouvements sociaux tenaient la rue. Aujourd’hui, plus personne ne se lève. Les voix dissidentes sont étouffées, balayées par la bien-pensance d’une société qui ne tolère plus la contestation. Dire la vérité fait de vous une cible. Avoir un libre arbitre est une aberration. L’amour de son prochain s’est transformé en haine de l’autre.
Tout est dans l’apparence, dans le paraître. La société française s’est recroquevillée sur elle-même, obsédée par la sécurité, mais incapable d’affronter ses propres démons. Les mouvements sociaux qui portaient un idéal sont devenus des carcasses vides, sans substance ni conviction. La peur du risque a paralysé toute initiative, et le conformisme a tué l’esprit de révolte.
Une Jeunesse Sacrifiée sur l’Autel de la Médiocrité
Je regarde cette jeunesse, et je ne vois que des cadavres en marche. TikTok et les réseaux sociaux, voilà leurs nouveaux temples. Mais que leur offre-t-on ? Un miroir morbide, un vide sidéral où l’ego règne en maître. Nous avons créé une génération de zombies, incapables de réflexion, sans cadre ni repère, absorbants par l’instantanéité, la quête de validation et la destruction de toute estime de soi.
Cette société est un poison, et nos jeunes en sont les premières victimes. Ils ne sont plus que des produits, consommés, jugés, rejetés à la moindre occasion. Les réseaux sociaux gratuits sont en réalité des chaînes invisibles, des instruments d’une nouvelle forme d’esclavage. Tu crois être un oiseau rare, unique, mais tu n’es qu’une marchandise à la merci du cynisme des géants de la technologie. Tu consommes, tu craches, tu t’enfuis dans une prostitution déguisée où ton seul rôle est de nourrir cette machine implacable.
« Personne ne Bouge, Personne ne sera Blessé »
« Personne ne bouge, personne ne sera blessée. » Cette phrase du groupe IAM dans Demain c’est loin résume parfaitement l’état de la France d’aujourd’hui. Plus personne ne bouge, tout le monde se terre, paralysé par la peur de prendre position.
Cette phrase, je voudrais la hurler à la face de tous ces politiques aux beaux discours qui squattent les plateaux télé et prétendent nous représenter. Ils sont complètement à côté de la plaque, préoccupés par leur propre petit confort, leurs magouilles, leurs privilèges, loin, bien loin des réalités que vivent les Français.
Ils nous mentent, nous divisent, nous dressent les uns contre les autres pour mieux régner. La politique française n’a qu’un seul parti : celui de la division. Peu importe pour qui tu votes, tu es complice. C’est là le problème. Ces officines politiques ont parfaitement compris que le peuple aime être flatté, dorloté, et ils en jouent. Ils manipulent, ils mentent, et nous marchons tête baissée, toujours plus dociles, toujours plus lâches.
La France, Mains Tachées de Sang et Esprits Abîmés
Depuis la pandémie de Covid-19, tout est parti à la dérive. Les mesures délirantes, les confinements absurdes, les libertés sacrifiées sur l’autel de la sécurité sanitaire ont plongé la société dans une spirale de folie. La peur a contaminé les esprits, la paranoïa a remplacé le bon sens, et le monde entier a vrillé.
Le Covid n’a pas seulement révélé l’incapacité de nos gouvernants à gérer une crise ; il a surtout montré que nous étions prêts à tout accepter, à tout sacrifier, même notre liberté, pour un peu de sécurité.
Les médias, quant à eux, ne sont plus que les porte-voix de cette médiocrité ambiante. Ils ne servent plus à informer, mais à manipuler. Ce sont les nouveaux prophètes d’un monde sans âme, où la pensée critique est un crime, et où la servitude est déguisée en responsabilité citoyenne.
Un Pays Ingouvernable
La France, ce pays qui se targue d’avoir 500 sortes de fromage et 25 millions de recettes de vinaigrette, est aujourd’hui ingouvernable. Ce n’est pas seulement une question de politique, c’est une question d’esprit. La lâcheté, l’indifférence, le conformisme ont pris le dessus. La France, autrefois terre de révolutions, est devenue un cimetière d’idées. Un cimetière où l’on ne pense plus, où l’on ne se révolte plus, où l’on ne vit plus.
Nous avons les mains tachées de sang, celui de nos rêves brisés, celui des dynamiques trahis. Il est peut-être temps de se demander si tout cela valait vraiment la peine.
Depuis l’éruption du mouvement des « Gilets Jaunes » en novembre 2018, la France a été marquée par une escalade de violences policières qui a profondément transformé le rapport entre les citoyens et l’État. Les manifestations, qui à l’origine étaient pacifiques et portaient sur des revendications sociales et économiques, ont rapidement été réprimées par des interventions brutales des forces de l’ordre. Des images choquantes de tirs de LBD, de gaz lacrymogènes et de charges policières ont inondé les réseaux, symboles d’une dérive autoritaire croissante. Les blessures, parfois graves, comme celles de Jérôme Rodrigues, éborgnées en janvier 2019 lors d’une manifestation, ont cristallisé la peur parmi la population.
Cette peur, cultivée et entretenue par des décisions gouvernementales assumées, a lentement pénétré l’esprit collectif. Le message est clair : contester l’autorité peut désormais coûter cher. Le 1er mai 2019, la tension atteint un nouveau sommet lorsque des journalistes, pourtant protégés par leur statut, sont eux-mêmes visés et attaqués. Les rues, autrefois bastions de la liberté d’expression, deviennent des zones d’angoisse où les citoyens craignent plus pour leur intégrité physique que pour leurs droits. Cette répression systématique, mise en lumière et dénoncée par de nombreuses associations de défense des droits humains, a fait naître une paralysie dans la population.
En 2024, rares sont ceux qui osent encore se manifester ouvertement. La peur d’être blessé, arrêté, ou simplement filmé et fiché, a conduit à une forme de démission générale. Le citoyen, désabusé et effrayé, préfère désormais se réfugier dans des distractions anesthésiantes. Netflix, Prime Video, TikTok, Instagram : ces plateformes deviennent des échappatoires où l’individu s’isole du réel. Au lieu de s’engager, beaucoup se contentent de regarder d’un œil distrait les dérives médiatiques comme « Touche Pas à Mon Poste », où les aberrations deviennent le nouvel opium du peuple. Dans une société où l’engagement politique est devenu un danger, l’indifférence et la fuite vers le virtuel s’imposent comme le seul rempart contre la peur.
Iam – « Demain c’est Loin » (1996)
Liens
https://youtube.com/@iamofficiel?si=DhkdkhS7CrulbPzy