FRANK WARD : LE VÉRITABLE « MACK » D’OAKLAND • [vidéo]


FRANK WARD : LE VÉRITABLE « MACK » D’OAKLAND

« Si Frank avait survécu, il aurait bâti un empire légitime. » — Max Julien


FRANK WARD : LE VÉRITABLE « MACK » D’OAKLAND

Firebarzzz

Oak Town…

Dans l’Oakland radical des années 1970, entre luttes pour les droits civiques et explosion de la culture de rue, Frank Ward émergea comme une figure dominante : à la fois craint, admiré, et respecté. Modèle inspirateur du film culte The Mack, il incarnait une vision de la réussite noire dans un monde oppressant. Entre collaboration étroite avec Hollywood underground et rivalités meurtrières avec les Black Panthers, retour sur la vie courte mais légendaire du « vrai Mack ».

Les frères Ward


L’ascension d’un « roi de la rue »

Né dans les quartiers pauvres d’Oakland, Frank Ward, entouré de ses frères surnommés collectivement les Ward Brothers, gravit les échelons du pouvoir souterrain par le proxénétisme et le trafic de stupéfiants. Son style flamboyant, fait de costumes trois-pièces en soie et de Cadillac sur mesure, en fit une légende vivante.

Frank Ward gérait ses affaires comme un véritable stratège, alliant violence contrôlée et diplomatie de rue. À une époque où les Noirs américains étaient exclus du capitalisme traditionnel, Ward bâtit un empire clandestin estimé à plusieurs millions de dollars.

Frank ward


La rencontre avec Hollywood : The Mack

En 1972, le réalisateur Michael Campus approche Ward pour tourner The Mack, un film inspiré de la réalité des rues d’Oakland. Frank Ward ne se contente pas de donner son aval : il finance une partie de la production, sécurise les lieux de tournage, et guide personnellement l’équipe.

L’acteur Max Julien, qui incarne Goldie dans le film, se souvient :

« Frank était une énigme. D’une politesse et d’une élégance incroyables, mais en même temps, il dégageait une autorité absolue. Il n’avait jamais besoin de lever la voix. »

Julien passa plusieurs semaines en immersion avec Frank Ward pour capter son langage corporel, sa manière de négocier, sa capacité à inspirer la loyauté.

« Il m’a appris qu’un vrai mack ne vendait pas juste du sexe. Il vendait un rêve. » — Max Julien

Ward fournit même sa Rolls-Royce personnelle pour certaines scènes mythiques du film.

The Mack 1973


Le conflit silencieux avec les Black Panthers

À la même époque, Oakland était aussi la base du puissant Black Panther Party, cofondé par Huey P. Newton et Bobby Seale. Les Panthers dénonçaient les proxénètes comme des « agents de la décadence capitaliste » dans les ghettos noirs.

La tension entre Frank Ward et les Panthers était palpable. Selon certaines sources locales, les Panthers imposaient des « taxes révolutionnaires » aux figures du crime organisé pour financer leurs programmes d’autodéfense et de cantines gratuites. Ward refusa systématiquement de céder.

« Frank considérait que personne ne pouvait lui dire comment redistribuer son argent. Il aidait sa communauté à sa manière. » — témoignage anonyme cité par East Bay Yesterday.


L’assassinat mystérieux

Le 17 mai 1972, Frank Ward est retrouvé mort, abattu de plusieurs balles dans sa Rolls-Royce aux côtés de sa compagne. L’assassinat reste à ce jour non élucidé.
Des rumeurs circulèrent, attribuant sa mort soit à une vendetta interne, soit à des représailles politiques orchestrées par des éléments radicaux.

The Mack sortira en salles quelques mois après sa mort, immortalisant à jamais la figure du mack d’Oakland.


Héritage : De la rue à la culture mondiale

Aujourd’hui, Frank Ward est une icône souterraine. Son influence s’étend jusque dans les textes des pionniers du hip-hop comme Too $hort, Snoop Dogg ou Ice-T, tous fascinés par la philosophie du « jeu » que Ward incarnait : indépendance, charisme, stratégie.

« Il était plus qu’un proxénète. Frank Ward représentait la possibilité d’être libre dans un monde qui voulait nous maintenir esclaves. » — Ice-T (extrait de Something from Nothing: The Art of Rap)

Même des décennies après sa mort, la légende de Frank Ward continue d’alimenter l’imaginaire collectif d’Oakland et au-delà : celle d’un roi sans couronne, tombé à l’apogée de son règne.


The Mack (tourné en 1972 et sorti en 1973 aux États-Unis).

C’est un film culte de la période Blaxploitation, réalisé par Michael Campus, avec Max Julien (dans le rôle de Goldie) et Richard Pryor (dans le rôle de Slim).

The Story :

  • The Mack raconte l’histoire de Goldie, un ancien voleur fraîchement sorti de prison, qui décide de devenir le plus grand proxénète d’Oakland.
  • Le film montre son ascension rapide, sa rivalité avec d’autres figures du crime, et son conflit moral entre sa réussite criminelle et les attentes militantes de son entourage, notamment symbolisées par un mouvement inspiré des Black Panthers.

Faits intéressants :

  • Le film est inspiré directement de la vie de Frank Ward, un vrai « kingpin » d’Oakland, comme on l’a vu plus haut.
  • Pendant le tournage, de véritables gangs et des membres des Black Panthers étaient présents sur le plateau pour surveiller ou influencer le projet.
  • Certaines scènes de rue ont été tournées « en live » à Oakland, sans autorisation officielle — d’où le réalisme brut du film.
  • Le film est devenu un énorme classique underground, surtout dans la culture hip-hop : des artistes comme Snoop Dogg, Too $hort, Ice Cube et Outkast ont tous cité The Mack comme une influence majeure.

À noter aussi :

  • Richard Pryor, déjà célèbre, était sous forte influence de drogues pendant le tournage.
  • The Mack est parfois vu comme une critique sociale déguisée : derrière la glorification du « jeu », il montre aussi la brutalité du racisme, de la pauvreté et du désespoir dans les ghettos noirs.



Author: Firebarzzz

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