Clip vidéo : I.A.M. – « Demain C’est Loin » – (1996) – Rap Francais – [–« Personne Ne Bouge, Personne ne sera blesser… » Akhenaton’–]



📍La Note Firebarzzz

« Demain C’est Loin » – IAM : Une œuvre culte du rap français

En 1996, le groupe IAM , originaire de Marseille, sort l’un des albums les plus marquants de l’histoire du rap français, Le Micro d’argent . Cet album, désormais culte, regorge de morceaux phares, mais l’un des plus emblématiques reste « Demain C’est Loin » , véritable fresque sociale de près de 9 minutes. Ce titre transcende les codes du rap traditionnel par son contenu introspectif et sa profondeur.


Le Contexte de l’Album Le Micro d’argent

Sorti en mars 1997, Le Micro d’argent est le troisième album d’IAM, un groupe déjà bien établi sur la scène rap avec des œuvres antérieures comme Ombre est lumière (1993). Cependant, c’est avec Le Micro d’argent que le groupe franchit un cap. Cet album marque une montée en puissance, à la fois dans la qualité des productions et des textes, avec une influence marquée par le rap américain, notamment celui de New York, tout en gardant un ancrage fort dans la réalité sociale et politique de la France des années 90.

« Demain C’est Loin » est le morceau de clôture de l’album. Il se démarque par sa durée inhabituelle pour une chanson de rap à l’époque (8 minutes 55), mais surtout par la profondeur de ses paroles et l’absence de refrain. Ce titre se distingue par son format narratif qui aborde des thèmes comme la violence, l’injustice sociale, l’ennui et l’aspiration à un avenir meilleur.


Les Thèmes abordés dans « Demain C’est Loin »

Le morceau est interprété par les deux MC principaux du groupe, Akhenaton (Philippe Fragione) et Shurik’n (Geoffroy Mussard). Les deux rappeurs y livrent une analyse sombre de leur quotidien et de celui des jeunes de banlieues dans les années 90. À travers une série de descriptions poignantes, ils dressent le tableau de quartiers en proie à la violence, aux désillusions, et à la marginalisation .

  1. La vie de quartier
    Dès les premiers distiques, Akhenaton et Shurik’n caractérisent une réalité morne où l’ennui devient un terreau fertile pour la violence et la délinquance. La nuit, la ville devient le théâtre de tensions où la loi du plus fort semble régner. IAM a peint un portrait sans fard de cette jeunesse désœuvrée, qui tente de survivre dans un environnement hostile, où peu de perspectives d’avenir existant.
  2. La violence omniprésente
    « Demain C’est Loin » aborde aussi la violence qui gangrène les cités, non seulement entre les jeunes, mais aussi entre la police et les habitants. Cette violence, loin d’être glorifiée, est présentée comme le résultat inévitable d’une société qui ignore ces populations. Les tensions avec les forces de l’ordre, la répression et le manque de confiance envers les institutions y sont omniprésentes. À travers leurs vers, Akhenaton et Shurik’n dénoncent un système qui semble les condamner à l’échec.
  3. L’absence d’espoir
    Un autre thème central de la chanson est l’absence de perspectives pour l’avenir. Le titre même, « Demain C’est Loin », évoque l’idée d’un futur inatteignable. Pour les habitants de ces quartiers, l’idée d’un changement positif semble illusoire. Les journées se répètent, ponctuées par la routine et le sentiment d’être coincé dans un cercle vicieux. L’un des moments marquants du morceau est la description du temps qui passe et qui renforce l’idée que, malgré le désir de s’en sortir, le quotidien reste figé.
  4. Le regard introspectif
    En parallèle des descriptions du monde extérieur, Akhenaton et Shurik’n livrent aussi des réflexions personnelles. Ils questionnent leur place dans ce système, leurs propres choix, et la manière dont ils ont été façonnés par leur environnement. Cette dimension introspective confère à « Demain C’est Loin » une profondeur rarement atteinte dans le rap français à l’époque.

Production

Musicalement, le morceau est porté par une production minimaliste mais efficace. Le rythme, sombre et lancinant, accompagne parfaitement le ton grave des paroles. Composé par les membres du groupe et produit par Imhotep , le morceau se démarque par l’utilisation d’un sample discret et répétitif, créant une atmosphère pesante et immersive. Ce choix de production souligne la noirceur du texte, laissant toute la place à la puissance des mots.

Le fait que le morceau soit dépourvu de refrain est également notable. Ce choix radical permet une narration ininterrompue, renforçant l’idée que « Demain C’est Loin » est moins une chanson qu’une sorte de récit, une prise de parole continue qui refuse de se conformer aux formats traditionnels du rap.


Héritage

Dès sa sortie, Le Micro d’argent est acclamé par la critique et le public, et « Demain C’est Loin » devient rapidement l’un des morceaux les plus cités et analysés de l’album. Avec plus d’un million d’exemplaires vendus, l’album contribue à installer le rap français comme une force culturelle majeure dans les années 90.

« Demain C’est Loin », en particulier, est souvent considéré comme l’un des plus grands morceaux de l’histoire du rap français. Sa durée, son absence de refrain, et la richesse de ses paroles en font une œuvre à part. Pour de nombreux auditeurs et critiques, il s’agit d’un véritable chef-d’œuvre, qui va bien au-delà des simples codes du rap pour toucher à des vérités universelles sur la société, l’aliénation, et la recherche de sens.

Au fil des ans, « Demain C’est Loin » a gagné un statut légendaire. Il continue d’influencer de nombreux rappeurs, non seulement en France, mais aussi à l’international, par son approche narrative et son ambition artistique.

« Demain C’est Loin » C’est une œuvre intemporelle qui offre un regard sans compromis sur la réalité sociale des quartiers populaires, tout en étant portée par une réflexion personnelle et philosophique. Grâce à son authenticité et sa profondeur, cette chanson d’IAM s’est imposée comme une référence incontournable dans l’histoire du rap français et demeure, encore aujourd’hui, un symbole de la capacité du rap à s’ériger en miroir critique de la société.

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Shurik’n 🗣️

“Demain c’est loin” a été écrit en décembre 1996, au cours de la session de réenregistrement de L’école du micro d’argent, puisque nous n’étions pas satisfaits de la première session réalisée l’été précédent à New York. Je me souviens que le studio, ce jour-là, était séparé en deux : d’un côté tu avais l’ingé son qui mixait l’album, et de l’autre, derrière la vitre, tu avais FreemanLe Rat Luciano et moi qui écrivions… Ça a été une session de dingue. Sans mentir, je crois que ce jour-là nous avons écrit 24 h d’affilée ! Je bossais déjà pour mon album solo. Les instrus tournaient, le studio était enfumé, j’écrivais depuis le matin… C’est en fin d’après-midi que j’ai attaqué le couplet qui allait devenir “Demain c’est loin”. Je l’ai terminé le lendemain matin, quasi sans avoir levé la tête du papier. En fait je me suis arrêté lorsque l’inspiration s’est arrêtée, tout simplement… Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce couplet est un premier jet, je ne l’ai jamais retouché et je l’ai posé d’un bloc, le surlendemain. Entre temps, Chill a passé la tête par la porte, il a kiffé le son et le thème, et m’a dit qu’il avait un couplet qui ferait une suite parfaite au morceau, il avait juste à le retravailler un peu….

A l’enregistrement, j’ai dû bafouiller une fois au milieu de la première prise, une fois à la fin de la deuxième, et la troisième a été la bonne. Il faut bien savoir qu’au départ, je pensais écrire deux fois plus long, toujours dans l’idée de le sortir sur mon album solo. Mais l’enchaînement avec Chill fonctionnait bien et puis, tu sais, chez nous, nous avons une règle tacite : les morceaux, il faut les sortir quand ils sont frais ! Quand l’équipe a écouté, tout le monde l’a trouvé terrible. Nous ne pouvions pas ne pas le mettre sur “L’école” !

Le coup de rebondir en début de rime sur le dernier mot de la rime précédente, c’est venu comme ça. J’ai conservé ce gimmick jusqu’à la fin, sans calculer. Quand j’y repense, c’était presque mystique. Je crois que quand tu t’immerges comme ça pendant des heures, quelque part tu entres dans un état qui s’approche de la transe… Après, moi j’ai toujours aimé écrire sur une atmosphère. Cette instru, une fois encore, était destinée à “Où je vis”. C’est pour ça qu’elle est si dépouillée, minimaliste, répétitive. Je crois beaucoup à ce côté simple et hypnotique, qui te permet de garder l’attention de l’auditeur. Le choix du sample influe aussi beaucoup sur l’émotion que je ressens et le thème que cette émotion m’inspire… Les bruitages qui jalonnent ‘Demain c’est loin’, c’est aussi notre marque de fabrique, à IAM : rendre la musique visuelle, tout ça. C’est plein de petits détails de ce type !

En concert, au fil des années, ‘Demain c’est loin’ est devenu notre morceau fétiche, celui sur lequel le concert se termine. Aujourd’hui, c’est vraiment un moment en famille, parce que nous le rappons toujours assis sur le banc, et c’est à ce moment du concert que les potos, la famille ou les invités nous rejoignent sur la scène… En proportion, ‘La fin de leur monde’ – qui est en quelque sorte le passage du micro au macro de ‘Demain c’est loin’ -, est plus glaçant pour le public, d’autant qu’il est plus parlant lorsqu’il s’accompagne du clip et que, techniquement, ceci n’est pas toujours possible… De toute façon, il est délicat de caser deux morceaux fleuves comme ceux-ci dans une même soirée. Du coup, “La fin de leur monde”, nous l’avons un peu mis de côté pour l’instant mais nous le rejouerons peut-être…

Quoi qu’il en soit, nous sommes fiers que “Demain c’est loin” soit devenu une référence. Au début il y avait des réticences car le morceau était hors format. Mais, quelque part, le hors format, c’est un peu notre spécialité ! [Rires] Notre challenge, c’est la performance, la densité, faire passer cette rage positive. A titre perso, avec “‘Lettre” et “Samurai”, c’est l’un des trois morceaux dont je suis le plus fier… Et puis de savoir que Nas a par la suite récupéré l’instru pour poser un couplet, même si c’était sur un bootleg, eh bien ça fait plaisir ! C’est une forme de reconnaissance, non officielle certes, mais au fond de moi je sais. C’est bien là l’essentiel, non ?


📍Lyrics

I.A.M. Demain, c’est loin

L’encre coule, le sang se répand
La feuille buvard absorbe l’émotion, sac d’image dans ma mémoire
Je parle de ce que mes proches vivent et de ce que Je vois
Des mecs coulés par le désespoir qui partent à la dérive

Des mecs qui pour 20.000 de shit se déchirent
Je parle du quotidien, écoute bien mes phrases font pas rire
Rire, sourire, certains l’ont perdu je pense à Momo
Qui m’a dit à plus jamais, je ne l’ai revu

Tenter le diable pour sortir de la galère, t’as gagné frère
Mais c’est toujours la misère pour ce qui pousse derrière
Pousse pousser au milieu d’un champs de béton
Grandir dans un parking et voir les grands faire rentrer les ronds

La pauvreté, ça fait gamberger en deux temps trois mouvements
On coupe, on compresse, on découpe, on emballe, on vend
A tour de bras, on fait rentrer l’argent du crack
Ouais, c’est ça la vie, et parle pas de RMI ici ici ici

Ici, le rêve des jeunes c’est la Golf GTI, survet’ Tachini
Tomber les femmes à l’aise comme many
Sur Scarface, je suis comme tout le monde je délire bien
Dieu merci, j’ai grandis, je suis plus malin, lui il crève à la fin

La fin, la faim, la faim justifie les moyens, quatre-cinq coups malsains
Et on tient jusqu’à demain, après on verra bien
On marche dans l’ombre du malin du soir au matin
Tapis dans un coin, couteau à la main, bandit de grand chemin

Chemin, chemin, y’en a pas deux pour être un dieu
Frapper comme une enclume, pas tomber les yeux, I’envieux en veut
Une route pour y entrer deux pour s’en sortir, trois-quart cuir
Réussir, s’évanouir, devenir un souvenir

Souvenir être si jeune, avoir plein le répertoire
Des gars rayés de la carte qu’on efface comme un tableau tchpaou! c’est le noir
Croire en qui, en quoi, les mecs sont tous des mirroirs
Vont dans le même sens, veulent s’en mettre plein les tirroirs

Tirroir, on y passe notre vie, on y fini avant de connaître l’enfer
Sur terre, on construit son paradis
Fiction, désillusion trop forte, sors le chichon
La réalité tape trop dur, besoin d’évasion

Evasion, évasion, effort d’imagination, ici tout est gris
Les murs, les esprits, les rats la nuit
On veut s’échapper de la prison, une aiguille passe, on passe à l’action
Fausse diversion, un jour tu pètes les plombs

Les plombs, certains chanceux en ont dans la cervelle
D’autres se les envoient pour une poigne de biftons, guerre fraternelle
Les armes poussent comme la mauvaise herbe
L’image du gangster se propage comme la gangraine sème ses graines

Graines, graines, graine de déiinquant qu’espèrez-vous? Tous jeunes
On leur apprend que rien ne fait un homme à part les francs
Du franc tireur discret au groupe organisé, la racine devient champs
Trop grand, impossible a arrêté

Arrêté, poisseux au départ, chanceux à la sortie
On prend trois mois, le bruit cours, la réputation grandit
Les barreaux font plus peur, c’est la routine, vulgaire épine
Fine esquisse à l’encre de Chine, figurine qui parfois s’anime

S’anime, anime animé d’une furieuse envie de monnaie
Le noir tombe, qu’importe le temps qu’il fait, on jette les dés, faut flamber
Perdre et gagner, rentrer avec quelques papiers en plus
Ça aidera, personne demandera d’où ils sont tombés

Tomber ou pas, pour tout, pour rien on prend le risque, pas grave cousin
De toute façon dans les deux cas, on s’en sort bien
Vivre comme un chien ou un price, y’a pas photo
On fait un choix, fait griller le gigot, brillent les joyaux

Joyaux, un rêve, piein ies poches mais la cible est loin, la flèche ricoche
Le diable rajoute une encoche trop moche ies mecs cochent leur propre case
Décoche pour du cash, j’entends les cloches, les coups de pioche
Creuser un trou, c’est trop fastoche

Fastoche, facile le blouson du bourgeois docile des mêmes la hantise
Et porcelaine dans le pare-brise
Tchac! le rasoir sur le sac à main, par ici ies talbins
Ça c’est toute la journée, lendemain, après lendemain

Lendemain? C’est pas le problème, on vit au jour le jour
On n’a pas le temps ou on perd de l’argent, les autres le prennent
Demain, c’est loin, on n’est pas pressé, au fur et à mesure
On avance en surveillant nos fesses pour parler au futur

Futur, le futur ne changera pas grand-chose, les générations prochaines
Seront pires que nous, leur vie sera plus morose
Notre avenir, c’est la minute d’après le but, anticiper
Prévenir avant de se faire clouer

Clouer, clouer sur un banc rien d’autre à faire, on boit de la bière
On siffle les gazières qui n’ont pas de frère
Les murs nous tiennent comme du papier tue-mouches
On est là, jamais on s’en sortira, Satan nous tient avec sa fourche

Fourche, enfourcher les risques seconde après seconde
Chaque occasion est une pierre de plus ajoutée à nos frondes
Contre leurs lasers, certains désespèrent, beaucoup touchent terre
Les obstinés refusent le combat suicidaire

Cidaire, sidérés
Les dieux regardent l’humain se diriger vers le mauvais côté de l’éternité d’un pas décidé
Préfèreront rôder en bas en haut, on va s’emmerder
Y’a qu’ici que les anges vendent la fumée

Fumée, encore une bouffée, le voile est tombé
La tête sur l’oreiller, la merde un instant estomper
Par la fenêtre, un cri fait son entrée, un homme se fait braquer
Un enfant se fait serrer, pour une Cartier menotté

Menotté, pieds et poings liés par la fatalité
Prisonnier du donjon, le destin est le geôlier
Le teurf l’arène on a grandit avec les jeux
Gladiateur courageux, mais la vie est coriace, on lutte comme on peut

Dans les constructions élevées
Incompréhension, bandes de gosses soi-disant mal élevés
Frictions, excitation, patrouilles de civils
Trouille inutile, légendes et mythes débiles

Haschich au kilo, poètes armés de stylo
Réserves de créativité, hangars, silos
Ça file au Bloc 20, pack de Heineken dans les mains
Oublier en tirant sur un gros joint

Princesses d’Afrique, fille mère, plastique
Plein de colle, raclo à la masse lunatique
Economie parallèle, équipe dure comme un roc
Petits Don qui contrôlent grave leurs spots

On pète la Veuve Cliquot, parqués comme à Mexico
Horizons cimentés, pickpockets, toxicos
Personnes honnêtes ignorées, superflics, Zorros
Politiciens et journalistes en visite au zoo

Musulmans respectueux, pères de famille humbles
Baffles qui blastent la musique de la jungle
Entrées dévastées, carcasses de tires éclatées
Nuée de gosses qui viennent gratter

Lumières oranges qui s’allument, cheminées qui fument
Parties de foot improvisées sur le bitume
Golf, VR6, pneus qui crissent
Silence brisé par les sirènes de police

Polos Façonnable, survêtements minables
Mères au traits de caractère admirables
Chichon bidon, histoires de prison
Stupides divisions, amas de tisons

Clichés d’Orient, cuisine au piment
Jolis noms d’arbres pour des bâtiments dans la forêt de ciment
Désert du midi, soleil écrasant
Vie la nuit, pendant le mois de Rhamadhan

Pas de distraction, se créer un peu d’action
Jeu de dés, de contrée, paris d’argent, méchante attraction
Rires ininterrompus, arrestations impromptues
Maires d’arrondissement corrompus

Marcher sur les seringues usagées, rêver de voyager
Autoradios en affaire, lot de chaînes arrachées
Bougre sans retour, psychopathe sans pitié
Meilleurs liens d’amitié qu’un type puisse trouver

Génies du sport faisant leurs classes sur les terrains vagues
Nouvelles blagues, terribles techniques de drague
Individualités qui craquent parce que stressées
Personne ne bouge, personne ne sera blessé

Vapeur d’éther, d’eau écarlate, d’alcool
Fourgon de la Brink’s maté comme le pactole
C’est pas drôle, le chien mord enfermé dans la cage
Bave de rage, les barreaux grimpent au deuxième étage

Dealer du hashich, c’est sage si tu veux sortir la femme
Si tu plonges, la ferme, pas drame
Mais l’école est pas loin, les ennuis non plus
Ça commence par des tapes au cul, ça finit par des gardes à vue

Regarde la rue, ce qui change? Y’a que les saisons
Tu baves du béton, crache du béton, chie du béton
Te bats pour du laiton, est-ce que ça rapporte
Regrette pas les biftons quand la BAC frappe à la porte

Trois couleurs sur les affiches nous traitent comme des bordilles
C’est pas Manille OK, mais les cigarettes se torpillent
Coupable innocent, ça parle cash, de pour cent
Oeii pour oeil, bouche pour dent, c’est stressant

Très tôt, c’est déjà la famille dehors, la bande à Kader
Va niquer ta mère, la merde au cul, ils parlent déjà de travers
Pas facile de parler d’amour, travail à l’usine
Les belles gazeiles se brisent l’échine dans les cuisines

Les élus ressassent rénovation ça rassure
Mais c’est toujours la même merde, derrière la dernière couche de peinture
Feu les rêves gisent enterrés dans la cour
A douze ans conduire, mourir, finir comme Tupac Shakur

Mater les photos, majeur aujourd’hui, poto
Pas mal d’amis se sont déjà tués en moto
Une fois tu gagnes, mille fois tu perds, le futur c’est un loto
Pour ce, je dédie mes textes en qualité d’ex-voto, mec

Ici t’es jugé à la réputation forte
Manque-toi et tous les jours les bougres pissent sur ta porte
C’est le tarif minimum et gaffe
Ceux qui pèsent transforment le secteur en oppidum

Gelé, i’ambiance s’électrise, y’a plein de places assises
Béton figé fait office de froide banquise
Les gosses veulent sortir, les « non » tombent comme des massues
Les artistes de mon cul, pompent les subventions DSU

Tant d’énergie perdue pour des préjugés indus
Les décideurs financiers plein de merde dans la vue
En attendant, les espoirs foirent, capotent, certains rappent
Les pierres partent, les caisses volées dérapent

C’est le bordel au Iycée, dans les couloirs on ouvre les extincteurs
Le quartier devient le terrain de chasse des inspecteurs
Le dos à un oeil car les eaux sont truffées d’écueils
Recueille le blé, on joue aux dés dans un sombre cercueil

C’est trop, les potos chient sur le profil Roméo
Un tchoc de popo, faire ies fils et un bon rodéo
La vie est dure, si on veut du rêve
Lls mettent du pneu dans le shit et te vendent ça Ramsellef

Tu me diras « ça va, c’est pas trop »
Mais pour du tcherno, un hamidou quand on n’a rien, c’est chaud
Je sais de quoi je parle, moi, le batard
J’ai du fêter mes vingt ans avec trois bouteilles de Valstar

Le spot bout ce soir qui est le King
D’entrée, les murs sont réservés comme des places de parKing
Mais qui peut comprendre la mène pleine
Qu’un type a bout frappe sec poussé par la haine

Et qu’on ne nait pas programmé pour faire un foin
Je pense pas à demain, parce que demain c’est loin

Écrit par: Geoffroy Mussard, Pascal Jean Charles Perez, Philippe Tristan Fragione

Album: L’ecole Du Micro D’argent

Sortie: 1997


Author: Firebarzzz

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