Jeudi – Politique : Réécriture du passage attribué à Ibrahim Traoré ⤵️


« Après avoir méthodiquement démantelé nos systèmes éducatifs et délibérément affaibli nos économies, ils nous ont laissé des sports et des divertissements comme uniques échappatoires. Aujourd’hui, on observe des hommes adultes, barbus mais désarmés, qui consacrent leurs journées entières à décortiquer des stratégies footballistiques, pendant que de jeunes hommes s’enferment dans des débats passionnés sur les performances des consoles de jeux ou les dernières sorties musicales. De leur côté, des femmes s’immergent dans des intrigues de séries et des tendances de mode, tout cela pendant que nos nations s’effondrent et que nos avenirs sont discrètement confisqués sous nos yeux. » ~ Ibrahim Traoré


🔹 La Note Firebarzzz ⤵️

Les mots d’Ibrahim Traoré ici sont une critique frontale, presque une radiographie sociale, d’un système mondial qui utilise la diversion comme arme de contrôle. Ce qu’il décrit, c’est une stratégie systémique de neutralisation des peuples par le biais de distractions massives et soigneusement implantées. Ce n’est pas une simple opinion, c’est un schéma qu’on peut observer historiquement et empiriquement.

Depuis les années 1980, dans de nombreux pays postcoloniaux et occidentaux, on assiste à un démantèlement progressif des systèmes éducatifs publics, devenu criant. En France par exemple, les rapports PISA successifs montrent une dégradation du niveau scolaire, une montée des inégalités, et une perte de sens chez les jeunes quant à l’utilité de l’école. Les filières techniques et professionnelles, essentielles pour l’ascension sociale, sont dévalorisées, et l’école s’éloigne de sa mission émancipatrice.

Sur le plan économique, le décrochage des classes populaires et des pays du Sud est documenté : désindustrialisation massive, augmentation du chômage structurel, financiarisation de l’économie qui profite à une élite mondialisée. Pendant que l’économie réelle s’effondre pour beaucoup, la spéculation et les marchés financiers prospèrent.

Face à cet effondrement éducatif et économique, on a assisté à une hypertrophie des industries du divertissement et du sport. Ce n’est pas une coïncidence : selon le rapport de PwC (2023), l’industrie mondiale des médias et du divertissement pèserait plus de 2 900 milliards de dollars. Le football, par exemple, capte l’attention planétaire avec des événements comme la Coupe du Monde et la Ligue des Champions, dont les audiences et les investissements battent des records chaque année. Dans le même temps, les jeux vidéo sont devenus la première industrie culturelle mondiale, devant le cinéma et la musique.

Or, l’obsession pour ces divertissements crée un transfert psychologique et émotionnel. Les jeunes, dépossédés de perspectives concrètes d’avenir, s’investissent dans des passions totalement extérieures à leur propre devenir social. Ils connaissent mieux les statistiques des joueurs de football que leurs droits fondamentaux ou les lois qui gouvernent leur pays. Ils passent des heures à débattre de jeux, de consoles, de séries, pendant que les grandes décisions économiques, environnementales et géopolitiques se prennent sans eux, dans une indifférence cultivée.

Ce phénomène a été prévu et théorisé. Des penseurs comme Noam Chomsky ou Aldous Huxley ont longuement expliqué que les systèmes de pouvoir modernes n’ont plus besoin de coercition violente lorsqu’ils peuvent offrir une illusion de liberté et de choix par le divertissement de masse. Le « pain et les jeux » (du latin panem et circenses) de l’Empire romain n’a jamais été aussi actuel : du foot, des séries, des tendances TikTok, et tout est sous contrôle.

Enfin, cette dérive sociale n’est pas seulement une analyse idéologique : les chiffres parlent. L’OCDE alerte depuis des années sur la baisse de la conscience politique et de la participation civique des jeunes dans de nombreux pays. La désaffection pour les urnes, l’abstention massive et la perte de confiance dans les institutions ne sont pas des accidents. Ils sont les fruits d’un système où les gens sont occupés à commenter des émissions et des matchs plutôt qu’à participer activement à leur société.

Ce que Traoré exprime ici, c’est un cri d’alarme : pendant que nous vivons dans un monde saturé de futilités, nos ressources, nos souverainetés et nos futurs sont discrètement confisqués par des élites qui elles, ne sont pas distraites.


🔍 La Note Firebarzzz : Diversion, contrôle social et stratégies historiques

🔹 1. Afrique : Distraction et neutralisation des jeunesses africaines

En Afrique, la dynamique dénoncée par Ibrahim Traoré est particulièrement visible dans les capitales urbaines. Alors que les systèmes éducatifs sont volontairement sous-financés (parfois avec la bénédiction des institutions internationales), les gouvernements successifs ont laissé proliférer les chaînes de télévision sportives, la télé-réalité importée et la domination culturelle occidentale.

Prenons le cas du Nigeria, où une jeunesse massive se retrouve sans emplois stables, sans accès facile à l’éducation supérieure, mais consomme en boucle le championnat anglais (Premier League) avec une ferveur religieuse. À Lagos, le business des paris sportifs (comme Bet9ja) explose, devenant une industrie parallèle où des jeunes espèrent des gains miraculeux. Ce phénomène n’est pas isolé : le football européen est devenu une obsession continentale, pendant que les questions d’indépendance économique, d’exploitation des ressources et de souveraineté monétaire sont écartées des débats populaires.

De même, des musiques et séries fortement commercialisées (importées ou locales) monopolisent les esprits, avec peu de contenus pédagogiques ou critiques accessibles. Ce n’est pas une erreur : c’est une orientation culturelle et politique favorisée par les puissances économiques internationales.


🔹 2. Europe : L’évasion par le spectacle et l’effondrement éducatif

En Europe, et particulièrement en France, le processus a pris une autre forme mais aboutit au même résultat :
Les classes populaires sont maintenues dans un cercle où l’accès à la culture politique, à l’histoire critique et à la compréhension économique est limité, pendant que les grands événements sportifs (Euro, Coupe du Monde, Jeux Olympiques) deviennent des moments de ferveur nationale où la contestation sociale est étouffée sous les drapeaux.

Exemple : la Coupe du Monde 1998 en France. Alors que le chômage, les fractures sociales et les tensions raciales étaient à leur comble, le succès des Bleus a temporairement anesthésié les luttes sociales. Cela s’est répété en 2018. Pendant que des millions de jeunes célébraient dans les rues, les gouvernements adoptaient des réformes structurelles impopulaires, à l’abri des regards.

En parallèle, l’explosion des industries du jeu vidéo et des plateformes de streaming a transformé les modes de vie : la jeunesse européenne consacre en moyenne plusieurs heures par jour aux loisirs numériques, réduisant d’autant leur participation aux espaces citoyens, aux syndicats ou aux débats démocratiques. C’est une fuite douce, mais stratégique.


🔹 3. Amérique Latine : Du pain, des telenovelas et du football

L’Amérique latine, et notamment le Brésil et l’Argentine, a connu exactement le même schéma : le football y est quasi-religieux, utilisé politiquement pour calmer les tensions. Pendant les dictatures militaires (Brésil, Argentine, Chili), les régimes promouvaient massivement les grands championnats et la télévision populaire pendant qu’ils faisaient disparaître les opposants politiques dans le silence médiatique.
👉 Exemple : Coupe du Monde 1978 en Argentine, organisée par une dictature sanglante. Le football est devenu un rideau de fumée pendant que les généraux tuaient, torturaient et faisaient disparaître des milliers de personnes.

Les telenovelas ont aussi joué un rôle massif : omniprésentes dans les foyers, elles ont formaté des générations entières avec des récits larmoyants et dépolitisés, détournant l’attention des réalités économiques et des inégalités criantes.

Aujourd’hui encore, au Brésil, le « futebol » et la musique populaire remplissent les écrans, pendant que la corruption politique, la déforestation de l’Amazonie et la misère des favelas restent des sujets marginaux dans les grands médias.


📍La Note Firebarzzz

🔹 Parallèles historiques : la stratégie éternelle de la diversion

Loin d’être une invention moderne, cette méthode de contrôle social par le divertissement trouve ses racines dans l’histoire.

👉 Empire romain : le célèbre « panem et circenses » (du pain et des jeux). Les empereurs organisaient des combats de gladiateurs, des courses de chars et distribuaient du pain gratuit pour éviter les révoltes populaires. Le peuple affamé mais diverti ne contestait pas l’empereur.

👉 France du Second Empire (Napoléon III) : Pendant que le régime autoritaire restreignait la liberté de la presse et détruisait les réseaux ouvriers, il investissait massivement dans les théâtres, les expositions universelles et la modernisation urbaine spectaculaire pour occuper l’opinion.

👉 Dictatures du XXe siècle : En Espagne, sous Franco, la censure politique était couverte par la diffusion de spectacles de corrida, de football et de festivals religieux omniprésents. Au Chili, sous Pinochet, les matches de football servaient de catharsis collective pendant la répression brutale.


🔥 Conclusion : Une stratégie qui change de forme, mais jamais de fond

La critique d’Ibrahim Traoré s’inscrit dans une longue tradition de mise en garde contre l’aliénation par le loisir. Aujourd’hui, ce ne sont plus des jeux de gladiateurs, mais des jeux vidéo. Ce ne sont plus des courses de chars, mais des Coupes du Monde. Ce ne sont plus des telenovelas uniques, mais des plateformes de séries infinies.

Le principe est toujours le même : divertir pour détourner, occuper pour neutraliser. Pendant que les peuples s’abrutissent de consommation culturelle rapide, les grandes décisions économiques, écologiques et politiques sont prises par une minorité concentrée de décideurs.
Et ceux qui tentent de réveiller les consciences sont systématiquement marginalisés, discrédités ou criminalisés.



En savoir plus sur Firebarzzz

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Author: Firebarzzz

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.