Kody Scott et la genèse du gangstérisme à Los Angeles
Los Angeles dans les années 70-90.. Un terrain de lutte sociale et raciale
Dans les années 70 à 90, Los Angeles est une ville marquée par un déficit social profond , où les inégalités raciales et économiques dessinent une géographie urbaine où certaines communautés, principalement les Afro-Américains et les Latinos , se retrouvent prises au piège de la pauvreté, du racisme systémique et de l’isolement social. Alors que la ville était perçue par beaucoup comme une terre d’opportunités, elle cachait derrière son image ensoleillée une réalité bien plus sombre, notamment pour les populations noires et latinos qui résident principalement dans des quartiers comme South Central Los Angeles .
Dans cette période, les politiques de redlining ((pratiques discriminatoires de prêts immobiliers) avaient systématiquement exclu les Afro-Américains et les Latinos des opportunités économiques, les confinant dans des ghettos où les services publics étaient dégradés et les écoles sous-financées. Le racisme anti-noir et anti – latinoet anti-latino se manifeste à tous les niveaux de la société, des pratiques policières abusives, comme les arrestations arbitraires et la brutalité policière systématique, aux discriminations dans l’accès à l’emploi et au logement. Le LA Riots de 1992 , qui éclatèrent suite à l’acquittement des policiers responsables du passage à tabac de Rodney King , est l’exemple le plus frappant de cette tension sociale latente.
Les quartiers populaires, comme Compton etet Watts , étaient souvent le théâtre de tensions entre la police et les jeunes issus des communautés noires et latinos, qui n’avaient pas accès aux mêmes ressources ou protections que leurs homologues blancs. La guerre des gangs, alimentée par le manque d’opportunités et la concurrence pour le contrôle du territoire et du trafic de drogue, s’intensifiait, exacerbée par l’inaction des autorités locales et l’absence de programmes sociaux efficaces. Le système judiciaire et pénitentiaireincarcérant les jeunes hommes, quant à lui, a aggravé cette situation en criminalisant la pauvreté et en incarcérant massivement les jeunes hommes noirs et latinos, accentuant le cycle de pauvreté et de violence.
Les années 70 à 90 à Los Angeles représentent ainsi un moment charnière dans l’histoire sociale et raciale des États-Unis, où la lutte contre l’injustice sociale sese heurte à des barrières systémiques presque insurmontables. Ces décennies ont façonné une génération de jeunes, comme Kody Scott , qui ont grandi dans un environnement où la violence et le gangstérisme étaient des réponses compréhensibles à des décennies d’abandon et d’oppression raciale.
Bonne lecture.
L’homme, le monstre, le produit d’un empire
La violence urbaine aux États-Unis est une problématique ancienne, profondément ancrée dans la structure même de la société américaine. Mais si elle trouve ses racines dans l’histoire longue de l’oppression des populations noires, elle prend une tournure particulière dans les ghettos de Los Angeles , théâtre d’une explosion de violence qui atteindra son paroxysme dans les années 80 et 90 .
Au cœur de cette tragédie, un nom incarne la descente aux enfers et la tentative de rédemption d’une jeunesse sacrifiée : Kody Scott , plus connu sous le nom de Monster Kody . Ancien membre des Eight Tray Gangster Crips , il devient l’un des criminels les plus craints de son époque avant de se transformer en écrivain et penseur critique du système carcéral américain. Mais peut-on réellement fuir une identité forgée par la violence ?
À travers l’ascension, la chute et la réflexion tardive de Kody Scott , mon récit explore le phénomène des gangs à Los Angeles , les causes profondes de cette violence et le rôle que joue l’Amérique dans la fabrication de ses propres monstres.
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Chapitre 1 : L’Amérique, un empire qui génère ses propres marginaux
Les États-Unis se perçoivent comme une nation de liberté et d’opportunités, mais leur réalité historique est toute autre. L’Empire américain repose sur un paradoxe fondamental : une démocratie fondée sur l’exploitation et l’exclusion d’une partie de sa population .
Les Afro-Américains, descendants d’esclaves, n’ont jamais été pleinement intégrés au « rêve américain ». Après l’abolition de l’esclavage, les politiques de ségrégation, incarnées par les lois Jim Crow , maintiennent une fracture raciale jusqu’aux années 60. Lorsque ces lois sont effectivement abolies, un autre système de ségrégation, plus insidieux, prend leur place : la ségrégation économique et urbaine .
Los Angeles, perçue comme une terre de liberté dans l’imaginaire collectif, est en réalité un piège pour les populations noires. Dans les années 70, South Central Los Angeles devient une zone de relégation sociale. Le redlining , politique de discrimination bancaire, empêche les Afro-Américains d’accéder à la propriété dans certains quartiers, forçant des milliers de familles dans des ghettos insalubres où les opportunités économiques sont inexistantes.
Dans ce contexte, les gangs deviennent une réponse à un environnement qui ne propose aucune alternative. Les Crips et les Bloods , fondés respectivement par Raymond Washington et Stanley « Tookie » Williams , ne sont au départ que des groupements de jeunes cherchant à se protéger d’un environnement hostile. Mais très vite, ces gangs se transforment en machines de guerre auto-destructrices, alimentées par le trafic de drogue et une surenchère de violence.
C’est dans cette poudrière que grandit Kody Scott , futur Monster Kody .
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Chapitre 2 : Kody Scott, l’enfance d’un monstre
Kody Dejohn Scott est né en 1963 dans un foyer déjà fragilisé par l’absence d’un père et les difficultés économiques d’une mère célibataire. Dans son livre Monster: The Autobiography of an LA Gang Member , il décrit une jeunesse marquée par l’absence d’une autorité paternelle et le sentiment constant d’être rejeté par la société.
Dès son plus jeune âge, il est confronté à la dure réalité de South Central : pauvreté, brutalité policière et domination des gangs sur la vie quotidienne. L’école ne représente pas une porte de sortie : sous-financée, gangrenée par le racisme institutionnel, elle est un terrain propice à la délinquance. Très tôt, il comprend que la rue est une école bien plus formatrice que les bancs d’un établissement public en ruine .
À 11 ans , il entre en contact avec les Eight Tray Gangster Crips , l’une des factions les plus violentes des Crips . À 13 ans , il commet son premier meurtre et gagne son surnom de Monster , donné par ses propres frères d’armes après avoir battu un rival avec une telle férocité que même les policiers sont horrifiés.
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Chapitre 3 : La prison, une fabrique à criminels
Kody fait une découverte déterminante qui marquera son parcours : la littérature noire révolutionnaire. Derrière les barreaux, il plonge dans les écrits de figures emblématiques de la lutte contre l’oppression raciale et le système carcéral. Il est profondément influencé par L’Autobiographie de Malcolm X, où il se reconnaît dans le récit d’une transformation radicale face à l’injustice. Il lit également Frère Soledad, ainsi que Du sang dans mes yeux de George Jackson, des œuvres qui dénoncent la violence du système pénitentiaire et sa fonction répressive à l’égard des Noirs. À travers ces lectures, Kody prend conscience du rôle de la prison non pas comme un lieu de réhabilitation, mais comme un outil de perpétuation du crime et de la marginalisation des minorités.
En prison, Kody découvre la littérature noire révolutionnaire :
- L’autobiographie de Malcolm X – Malcolm X
- Frère Soledad – George Jackson
- Du sang dans mes yeux – George Jackson
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Chapitre 4 : Le monstre devient écrivain
En 1993 , Kody Scott publie Monster , un témoignage brutal et lucide sur la vie des gangs à Los Angeles. Le livre devient un succès, étudié dans les universités, analysé par les sociologues et les militants des droits civiques.
Malgré son succès en tant qu’écrivain et conférencier, il ne parvient jamais totalement à s’extraire du système. Enchaînant les séjours en prison, il meurt en 2021 , à 57 ans , sans avoir pu véritablement concrétiser sa rédemption.
Comprendre pour ne plus reproduire
Les ghettos de Los Angeles sont un microcosme des inégalités américaines. Si nous ne comprenons pas ces dynamiques, nous nous condamnons à voir ces tragédies se répéter, encore et encore.
Partagez, commentez, débattez. L’information est une arme.
Date : Enregistrement original en 2016
Liens :
https://youtu.be/Si9nDIN4Iuw?si=E9lMFrMDh8T56bKw
https://youtu.be/CFvGcnls7WQ?si=61Yb-XsxpT7OQNbY
Mots-clés :
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