Kylian Mbappé : le bruit, la fureur et l’ingratitude.
Il est des joueurs dont le talent est si éclatant qu’il devient insupportable. Kylian Mbappé est de ceux-là. À seulement 25 ans, il porte sur ses épaules non seulement les espoirs d’un club, mais les frustrations d’un pays. Champion du monde à 19 ans, finaliste quatre ans plus tard, meilleur buteur de l’histoire du Paris Saint-Germain, l’arme de point du Real Madrid Et pourtant, il est plus critiqué que glorifié. Pourquoi ? Parce qu’il refuse de se taire. Parce qu’il choisit. Parce qu’il ne rentre pas dans les cases étroites qu’on lui impose.
Dans un football de plus en plus régi par les perceptions fabriquées, Mbappé dérange. Son indépendance, son aura, son contrôle de sa carrière ne plaisent pas aux puristes d’un romantisme hypocrite, ni aux « experts » de Twitter — pardon, X — qui confondent analyse tactique avec mode Carrière de FIFA 25, et pour qui un “vrai joueur” doit courir après le ballon comme après l’approbation populaire. Ces nouveaux oracles numériques, souvent bloqués entre deux spaces mal éclairés et des montages TikTok de Cristiano Ronaldo en slow motion, s’improvisent juges et bourreaux : “Mbappé ne défend pas”, “Mbappé est égoïste”, “Mbappé choisit ses matchs”. Une critique facile, souvent ignorante, toujours amplifiée.
Pendant ce temps, à des centaines de kilomètres de là, le Real Madrid, maison prestigieuse mais fragile, s’avance vers la saison prochaine avec plus d’interrogations que de certitudes. Le départ de Toni Kroos, non remplacé, laisse un vide criant au cœur du jeu. Nacho a quitté le navire, Joselu n’a pas été retenu, et personne n’est venu garnir l’effectif cet hiver. Pire : Dani Carvajal et Éder Militão, essentiels, multiplient les blessures, tandis que David Alaba semble avoir définitivement laissé son meilleur niveau derrière lui. Ferland Mendy n’est plus fiable physiquement, Fran García est dépassé. Au milieu, la lumière de Jude Bellingham a pâli après un début de saison incandescent. Devant, Vinícius Júnior affiche une campagne 2024-2025 en demi-teinte — 0,25 but/match depuis son non Ballon d’Or — et Rodrygo semble éternellement coincé entre promesse et confirmation.
Et c’est dans ce décor fissuré qu’arrive Mbappé. Le voilà attendu comme le sauveur d’une équipe orpheline de ses repères. Ce même Mbappé que tant de voix prétendent « toxique », « incompatible », « individualiste ». Curieuse contradiction : on le critique pour ce qu’il est… mais on lui confie la mission d’être tout ce que les autres ne sont plus. Un leader. Un buteur. Un symbole.
La vérité, c’est que le problème n’est pas Mbappé. Le problème, c’est le miroir qu’il tend au football français et à ceux qui le commentent. Il reflète les contradictions d’un public qui exige des héros muets, d’un environnement médiatique qui préfère les polémiques aux faits, d’une culture qui punit l’excellence assumée. Comme le résumait brillamment Aimé Jacquet : « Il faut laisser les artistes s’exprimer. » Encore faut-il être capable de reconnaître un artiste.
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