« Le Rap est mort, vive le Spectacle »
Par Firebarzzz pour Firebarzzz.com
Le Hip-Hop, ce n’est plus une culture. C’est une vitrine.
Le hip-hop a été dilué dans l’eau de javel, jusqu’à devenir une mousse sans substance. Un divertissement fade où les protagonistes, à la solde d’un public drogué à l’algorithme, attendent sagement que la paie tombe. L’artistique ? En déclin terminal. Le professionnalisme ? Une anecdote. L’engagement ? Un tabou. Plus personne ne défend rien. Plus personne n’incarne rien. Il n’y a que le paraître, et des « fans » à séduire.
Cette musique, notre musique, ne nous appartient plus depuis belle lurette. Le temps où KRS-One sortait Criminal Minded, où Lionel D dédiait Pour toi mon frère le beur à ses frères de galère, est loin derrière. Enterré sous les strass et les « streams ».
Y’a pas de problème
1990 Producer: Dee Nasty
Aujourd’hui, les albums contestataires sont aussi rares qu’un Bachar el-Assad faisant son mea culpa. Être un rappeur conscient est devenu ringard, voire nuisible. Un coup de hache dans la jungle commerciale. Le cortex se froisse face au vide culturel béant de cette génération qui consomme du « rap » comme on consomme une barre chocolatée : sucrée, rapide, sans substance.
Le produit qu’ils appellent rap est devenu une excuse pour marcher droit vers l’enfer. Analyser les codes, décrypter les images, suivre les carrières : vous verrez les transformations brutales des discours, des pensées, des corps même. Faut plaire, faut briller, faut vendre.
Et le rap français dans tout ça ?
Il est mort, les amis. Mort et enterré. Et ça fait mal de le dire.
Ce qu’on appelait rap est devenu le jouet glorieux de nos élites, un outil pour transgresser et agresser notre libre arbitre, à coups de slogans calibrés, de postures viriles, et de mannequins siliconés. On a mis le boom bap en PLS, parce que soi-disant il faisait « vieux ». Pourtant c’était lui qui portait encore les tripes, la colère juste, la langue de Molière, qu’on a aujourd’hui réduite à des propos de merde, entre punchlines de charognards et formules creuses.
Hier, le rap te menait à la bibliothèque. Aujourd’hui, il t’entraîne vers la superficialité la plus abjecte. Tu deviens une copie, un clone, un zombie brillant prêt à servir le capital sans remords ni regrets. Les messages subliminaux sont bien réels, la doctrine bien rodée. Les lionnes maquillées jouent les hyènes dressées, icônes sacrificielles d’un patriarcat en toc.
La menace auditive est en place. La déconstruction avance, masquée, souriante.
Et moi, j’aurais voulu qu’ils aient connu Fabe, qu’ils aient grandi avec La Rumeur, qu’ils aient décortiqué la plume de Flynt ou mordu dans la pugnacité de Rocé.
Mais non.
Ils ont TikTok.
Ils ont des « feats » vides et des Rolex prêtées.
Et ils foncent droit dans le mur.
Concentration et paix
1990, : Lionel D. « Le Rap et les Cités »
L’autre Musique | Antenne 2 | 16/10/1990
Yves BIGOT évoque l’émergence du rap en France.
Le rappeur Lionel D. dénonce les conditions de vie des jeunes dans les cités de banlieue.
« On met les gens à part…on les entasse dans les cités. Genre tous les immigrés à part. Tous les gens qui n’ont pas de moyens, on les met à part. …C’est un peu un autre monde. » Son constat est amère: » T’es rebeu, t’es black, tu es ce que tu veux, les gens n’ont en rien à foutre de toi. Tu peux crever quoi….Et si ça n’a pas changer, c’est tout simplement parce que les gens n’ont en rien à foutre. »
Accompagné d’un jeune de la ville de Vitry-sur-Seine qui fait du beatboxer, il improvise un rap.
Liens
https://youtu.be/xhYcf1jku5g?si=poo1-_apZvUK8b9H
Pour toi le beur
https://youtu.be/CMPVG6s72Uw?si=wRS03_zFnMzlLCSX
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