Eric B. And Rakim – « In The Ghetto » – Album : Let the Rhythm Hit ‘Em – (1990) – Prod Large Professor – Label : MCA Records – [extrait de piano de Barry White « I’m Gonna Love You Just a Little More »] – hip-hop – jazz 🎶




🎙️ARTIST: Eric.B And Rakim
📣TITLE: In The Ghetto
💿ALBUM: Let The Rhytm Hit’Em
📆RELEASED: (1990)


📍La Note Firebarzzz

L’ambiance de New York à la fin des années 1980 et début 1990 : la pauvreté et la société injuste

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, New York était une ville marquée par de profondes inégalités économiques et sociales. Les quartiers défavorisés, comme le Bronx, Harlem et Brooklyn, étaient ravagés par la pauvreté, le chômage et l’augmentation des crimes violents. Les effets de la crise de la drogue, avec notamment l’épidémie de crack, frappaient de plein fouet les communautés noires et latino-américaines. Le manque d’opportunités économiques, l’absence de soutien social, et une police souvent perçue comme répressive et raciste contribuaient à un sentiment général d’injustice et de désespoir.

Pour les jeunes hommes noirs, la société semblait à la fois dure et laxiste. Dure, car ils faisaient face à une discrimination systémique, à des perspectives d’avenir limitées et à une criminalisation excessive. Laxiste, car les institutions publiques faisaient preuve d’une indifférence apparente vis-à-vis des problèmes structurels, tels que la pauvreté ou le manque d’accès à une éducation de qualité. C’est dans ce contexte que le hip-hop est devenu la voix de toute une génération, dénonçant cette réalité brutale et utilisant la musique comme un moyen de protestation et de réflexion sociale.

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📍« In The Ghetto » – Eric B. & Rakim

  • Titre : In The Ghetto
  • Artistes : Eric B. & Rakim
  • Album : Let the Rhythm Hit ‘Em
  • Année de sortie : 1990
  • Producteur : Large Professor
  • Label : MCA Records
  • Genre : Hip-hop, jazz
  • Sample utilisé : Barry White – I’m Gonna Love You Just a Little More (extrait de piano)

« In The Ghetto » est une chanson marquante du duo légendaire de hip-hop, Eric B. & Rakim, extraite de leur troisième album « Let the Rhythm Hit ‘Em » sorti en 1990 sous le label MCA Records. Cette chanson illustre parfaitement la capacité de Rakim à tisser des récits d’une profondeur lyrique rare, en exposant les luttes quotidiennes des communautés marginalisées. Produite par Large Professor, la chanson puise ses influences dans le jazz et la soul, avec un échantillon de piano extrait de la chanson de Barry White « I’m Gonna Love You Just a Little More », qui confère à la piste une atmosphère nostalgique et introspective.

Le titre « In The Ghetto » plonge l’auditeur dans la réalité d’une vie marquée par la pauvreté et la violence, et se présente comme une critique poignante des conditions de vie dans les quartiers marginalisés, ainsi qu’une dénonciation de l’abandon dont souffraient les minorités à cette époque. Rakim, avec son flow caractéristique, raconte des histoires de survie, d’aspirations brisées, et de frustration face à un système qui semble conçu pour maintenir ces communautés dans la misère.

Une production audacieuse avec un message puissant

Musicalement, « In The Ghetto » s’inscrit dans la tradition du hip-hop jazz, un genre qui émergeait à la fin des années 1980 et début 1990, caractérisé par l’utilisation d’instruments acoustiques, de samples de jazz et de rythmes plus complexes. Large Professor, figure clé de la production à cette époque, réussit à créer un paysage sonore qui amplifie le message de la chanson. L’utilisation du piano mélancolique de Barry White donne une dimension émotionnelle supplémentaire au récit de Rakim, tandis que les percussions puissantes et le rythme entraînant gardent la chanson ancrée dans le hip-hop pur et dur.

L’échantillon de Barry White n’est pas choisi par hasard. En utilisant une chanson d’amour sensuelle pour accompagner un texte sombre et introspectif, le contraste reflète la dualité des émotions vécues dans le ghetto. Il y a de l’amour, de la solidarité et de la beauté, mais aussi de la tristesse, de la désillusion et de la lutte. Ce mélange d’éléments est emblématique du style de Rakim, qui allie poésie, introspection et critique sociale.

Le contexte historique et l’impact de la chanson

« In The Ghetto » est sortie à une époque où le hip-hop gagnait en notoriété mondiale, mais restait ancré dans les réalités locales et souvent douloureuses des quartiers d’où il provenait. Rakim et Eric B. étaient au sommet de leur carrière avec « Let the Rhythm Hit ‘Em », et cette chanson, en particulier, est devenue un hymne pour ceux qui cherchaient à dénoncer les injustices sociales et économiques de l’époque.

Le début des années 1990 voyait l’explosion de la conscience sociale dans le rap, avec des groupes comme Public Enemy ou N.W.A, qui exposaient également les luttes raciales et économiques aux États-Unis. « In The Ghetto » s’inscrit parfaitement dans cette mouvance, en apportant une réflexion lyrique et une narration poétique qui distingue Rakim comme l’un des plus grands MCs de l’histoire du rap.

La chanson a également influencé de nombreux artistes et producteurs qui suivirent, en montrant comment le hip-hop pouvait être un véhicule à la fois pour la dénonciation sociale et pour l’exploration musicale, à travers des productions riches et des samples tirés de la soul et du jazz. Elle continue de résonner encore aujourd’hui, en raison de sa pertinence intemporelle sur les questions de pauvreté et de marginalisation.

« In The Ghetto » reste une œuvre incontournable non seulement dans la discographie d’Eric B. & Rakim, mais aussi dans l’histoire du hip-hop. Avec ses paroles profondes et son instrumentation jazzy, elle capte à la fois l’essence des difficultés vécues dans les ghettos et la richesse émotionnelle qui en découle. À une époque où les conditions de vie dans les quartiers pauvres de New York étaient critiques, cette chanson a servi de miroir et de cri d’alarme, adressé à une société qui avait trop longtemps ignoré ses citoyens les plus vulnérables.


📍Rakim a écrit la chanson après le décès de son père et il la considérait comme un disque conscient.

Je traversais une période difficile à cette époque, mec. Papa est décédé, et j’en étais au point où je ne savais pas si le rap avait un sens à cette époque, tu vois ce que je veux dire ? Alors, en traversant cette période et en essayant de donner un sens au hip-hop, j’ai en quelque sorte arrêté d’écouter de la musique pendant quelques mois. Quand j’ai finalement mis un beat et pris la plume, j’ai écrit « In the Ghetto ». C’était un peu thérapeutique, mais je suppose qu’après cet événement, il était logique pour moi de faire un disque conscient. Il ne parlait pas trop de mon père, mais il avait du sens pour moi.

—Rakim sur l’enregistrement de la chanson « In the Ghetto »


📍Lyrics

[Verse 1: Rakim]
Planet Earth was my place of birth
Born to be the soul controller of the universe
Besides the part of the map I hit first
Any environment, I can adapt when it gets worse
The rough gets goin’, the goin’ gets rough
When I start flowin’, the mic might bust
The next state’ll shake from the power I generate
People in Cali used to think it was earthquakes
‘Cause times is hard on the boulevard
So I bogart and never get scarred
I’m God, but it seems like I’m locked in Hell
Lookin’ over the edge, but the R never fell
Or tripped or slipped ’cause my Nikes got grip
Stand on my own two feet, and come equipped
Any stage I’m seen on or mic I fiend on
I stand alone, and need nothin’ to lean on
Goin’ for self with a long way to go
So much to say, but I still flow slow
I come correct, and I won’t look back
‘Cause it ain’t where you’re from, it’s where you’re at, even the

[Chorus]
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’), I’m from the
Ghetto (Nobody’s smilin’), word up, peace
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)

[Verse 2: Rakim]
I learn to relax in my room and escape from New York
And return through the womb of the world as a thought
Thinkin’ how hard it was to be born
Me bein’ cream with no physical form
Millions of cells with one destination
To reach the best part as life’s creation
Nine months later, a job well done
Make way ’cause here I come
Since I made it this far, I can’t stop now
There’s a will and a way and I got the know-how
To be all I can be and more
And see all there is to see before
I’m called to go back to the essence
It’s a lot to learn, so I study my lessons
I thought the ghetto was the worst that could happen to me
I’m glad I listened when my father was rappin’ to me
‘Cause back in the days, they lived in caves
Exiled from the original man and strayed away
Now that’s what I call hard times
I’d rather be here to exercise the mind
Then I take a thought around the world twice
From knowledge to born back to knowledge precise
Across the desert that’s hot as the Arabian
But they couldn’t cave me in ’cause I’m the Asian
Reachin’ for the city of Mecca, visit Medina
Visions of Nefertiti, then I seen her
Mind keeps travelin’, I’ll be back after
I stop and think about the brothers and sisters in Africa
Return the thought through the eye of a needle
For miles I fought, and I just brought the people
Under the dark skies, on a dark side
Not only there, but right here’s an apartheid
So now is the time for us to react
Take a trip through the mind, and when you get back
Understand your third eye’s seen all of that
It ain’t where you’re from, it’s where you’re at, even the

[Chorus]
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’), I’m from the
Ghetto (Nobody’s smilin’), word up, peace
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)

[Verse 3: Rakim]
No more props, I want property in every borough
Nobody’s stoppin’ me because I’m thorough
Rhymes I make gimme real estate for me to own
Wherever I bless a microphone
007 is back and relaxin’
On point and reactin’, and ready for action
I’m so low-key that you might not see me
Incognito, and takin’ it easy
(Ghetto) Quiet as kept on a hush-hush
In front of a crowd, I get loud as a bum-rush
But calm, keep a low pro and play the background
Hopin’ the wack rapper put the mic back down
So rip it, break it in half, go ‘head and slam it
‘Cause when it’s time to build, I’m a mechanic
Of bondin’ and mendin’, attachin’ and blendin’
So many solos, there is no endin’
People in my neighborhood, they know I’m good
From London to Hollywood, wherever I stood
Footprints remain on stage ever since
Sidewalks and streets, I leave fossils and dents
When I had sex, I left my name on necks
My trademark was left throughout the projects
I used to get rich when I played Cee-lo
When I rolled four-five-six, they go, « We know »
So I collect my cash then slide
I’ve got my back, my gun’s on my side
It shouldn’t have to be like that
I guess it ain’t where you’re from, it’s where you’re at
, even the

[Chorus]
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’), I’m from the
Ghetto (Nobody’s smilin’), word up, peace
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)
Ghetto (Smilin’)
Ghetto (Nobody’s smilin’)


📍Firebarzzz & Analyses  👁️

Couplet 1 📈

Ce premier couplet de Rakim, issu de la chanson « In The Ghetto », révèle des thèmes profonds liés à la résilience, à l’auto-détermination, et à la quête d’identité dans un environnement hostile. Son analyse psychologique montre la complexité de la pensée du rappeur, et sa manière de composer avec les défis de la vie, notamment dans des conditions difficiles telles que celles des ghettos.

1. Une vision grandiose de soi :

Rakim commence par une affirmation puissante : « Planet Earth was my place of birth / Born to be the soul controller of the universe ». Ici, il se présente comme ayant un destin immense, un sens de l’importance personnelle qui transcende les limites géographiques de son lieu de naissance. Il se voit non seulement comme un acteur local mais comme un « contrôleur de l’univers », ce qui peut refléter un mécanisme psychologique d’élévation de soi pour échapper aux conditions limitantes de son environnement. Ce type de vision peut être une réponse à la marginalisation et aux restrictions imposées par la société : dans un monde qui semble opprimer et restreindre les opportunités, la seule option pour Rakim est de se positionner en maître de son propre destin, voire de l’univers entier.

2. Adaptabilité et résilience :

« Any environment, I can adapt when it gets worse » est une déclaration qui met en avant la capacité de Rakim à s’adapter aux conditions les plus dures. D’un point de vue psychologique, cela reflète un fort mécanisme de coping (stratégie d’adaptation), essentiel pour survivre et prospérer dans un environnement urbain difficile comme celui du ghetto. Il montre sa résilience face aux difficultés, en acceptant les défis, tout en s’affirmant capable de les surmonter.

3. Force intérieure et persistance :

« The rough gets goin’, the goin’ gets rough / When I start flowin’, the mic might bust » exprime une mentalité de lutte constante. Ici, Rakim semble dire que, lorsque la situation se complique, c’est là qu’il se révèle au mieux de ses capacités. Psychologiquement, c’est une illustration de la résilience active, où les épreuves ne sont pas seulement surmontées, mais utilisées comme carburant pour se renforcer. Le rap devient son exutoire, son moyen de libération et de domination face à l’adversité.

4. Immunité face aux blessures et à la peur :

“I bogart and never get scarred / I’m God, but it seems like I’m locked in Hell” exprime une dualité psychologique : d’un côté, Rakim se voit comme invincible, ne laissant aucune place à la peur ou aux blessures. D’un autre, il reconnaît une certaine impuissance face à la dure réalité (« locked in Hell ») dans laquelle il est plongé, malgré sa prétention à la toute-puissance (« I’m God »). Cette ligne illustre une tension interne entre un sentiment de grandeur et la reconnaissance des contraintes de son environnement. Il est enfermé dans un cycle de souffrance malgré sa force divine autoproclamée, ce qui pourrait représenter une lutte intérieure avec des sentiments de frustration, voire de désespoir.

5. Équilibre et maîtrise de soi :

« Lookin’ over the edge, but the R never fell / Or tripped or slipped ’cause my Nikes got grip » démontre la vigilance et l’équilibre de Rakim dans des situations de danger. En se tenant au bord du précipice, il est proche de la chute, mais sa maîtrise de soi et sa préparation (représentées ici par ses « Nikes » symboliques) l’empêchent de sombrer. Cela peut refléter un processus psychologique où il maintient un contrôle total de sa vie malgré la proximité constante du chaos, une sorte de vigilance mentale qui lui permet de résister aux pressions extérieures.

6. Indépendance et affirmation de soi :

“I stand alone, and need nothin’ to lean on” montre une forte indépendance psychologique. Rakim exprime ici son désir et sa capacité à ne dépendre de personne, ce qui peut être vu comme une défense contre un monde dans lequel les ressources extérieures (financières, sociales) sont souvent absentes. Cette attitude révèle un profond besoin de prouver qu’il est capable de s’en sortir seul, sans soutien extérieur, ce qui peut être un mécanisme de défense contre la dépendance émotionnelle ou la vulnérabilité.

7. Autodétermination malgré l’adversité :

La phrase « I’m God, but it seems like I’m locked in Hell » illustre une tension centrale dans l’expérience de Rakim. Bien qu’il se considère comme un dieu, il se sent piégé dans une réalité infernale. Cela symbolise la dissonance cognitive entre son potentiel et les limitations de son environnement. Ce conflit pourrait représenter un désir de transcendance spirituelle ou mentale face aux réalités du ghetto, où les rêves grandioses sont souvent brisés par les dures contraintes matérielles.

8. Évolution personnelle et transformation :

« It ain’t where you’re from, it’s where you’re at » est une réflexion psychologique sur la croissance personnelle et l’évolution. Rakim défie l’idée que notre lieu de naissance ou notre passé nous définit. Ce vers suggère une philosophie de vie basée sur la transformation et l’auto-création, un message d’espoir pour ceux qui viennent de milieux défavorisés, leur disant que ce qui compte, c’est leur position actuelle et les choix qu’ils font maintenant.

Ce couplet de Rakim est imprégné d’une forte introspection psychologique, où le rappeur explore des thèmes tels que la résilience, l’indépendance et la maîtrise de soi dans un monde marqué par la difficulté. Rakim projette une image de force intérieure, tout en reconnaissant les limites de son environnement. C’est un équilibre complexe entre l’ambition personnelle, la dure réalité de la vie dans le ghetto, et une profonde quête de sens et d’identité dans un univers souvent hostile.

Couplet 2 📊

Ce couplet de Rakim, dans « In The Ghetto », témoigne d’une réflexion profonde sur l’existence, la spiritualité et la conscience humaine. À travers cette prose poétique, Rakim explore des concepts philosophiques et historiques, tout en liant ces idées à son vécu personnel et à la réalité de la vie dans le ghetto. Son introspection dévoile une quête de sens et d’élévation spirituelle au-delà des limites physiques et sociales. Voici une analyse psychologique de ce couplet.

1. L’évasion mentale comme mécanisme de survie :

« I learn to relax in my room and escape from New York » montre une première stratégie d’adaptation psychologique : l’évasion mentale. Dans ce vers, Rakim explique comment il utilise l’imagination et la pensée pour échapper à la dure réalité de New York. Le rap devient un moyen d’évasion et de libération, un refuge intérieur pour fuir la violence et la pauvreté qui marquent son quotidien. Psychologiquement, cette capacité à s’évader mentalement représente une forme de dissociation saine, où l’individu trouve des moyens de transcender les contraintes immédiates pour préserver son bien-être psychique.

2. L’origine et la naissance symboliques :

Dans les vers « And return through the womb of the world as a thought / Thinkin’ how hard it was to be born / Me bein’ cream with no physical form », Rakim plonge dans une réflexion métaphysique sur l’existence et la naissance. Il envisage la vie comme une pensée, un concept immatériel avant d’atteindre une forme physique. Ce retour à l’état embryonnaire symbolique pourrait représenter un désir de reconnecter avec une pureté originelle ou un état de conscience antérieur à la souffrance du monde matériel. Psychologiquement, cela peut refléter un besoin d’échapper aux limites physiques et sociales, pour se concentrer sur l’essence spirituelle de l’être.

3. La lutte existentielle et la persévérance :

« Millions of cells with one destination / To reach the best part as life’s creation » symbolise la lutte pour l’existence, depuis la conception jusqu’à la naissance. Rakim décrit la naissance comme une compétition, où des millions de cellules se battent pour atteindre la vie. Cela peut être interprété comme une allégorie de la survie dans le ghetto, où la vie elle-même est une lutte constante. Psychologiquement, cette vision peut renforcer l’idée de persévérance et de détermination ; Rakim voit la survie comme une victoire en soi, une motivation pour continuer malgré les obstacles.

4. L’importance de l’éducation et de la transmission :

« I’m glad I listened when my father was rappin’ to me » reflète l’importance des enseignements transmis par les générations précédentes. Dans ce vers, Rakim reconnaît la sagesse de son père et la valeur de ses conseils. Psychologiquement, cela montre la reconnaissance de l’héritage familial et culturel comme un facteur de résilience et d’orientation. Il prend conscience que les difficultés du passé (les ancêtres qui « vivaient dans des grottes ») étaient bien plus sévères, ce qui relativise ses propres souffrances et lui permet de mieux les supporter.

5. Conscience historique et collective :

Rakim navigue à travers différentes époques et lieux historiques, en évoquant des références telles que la ville de Mecca, Medina, et la reine Nefertiti. Ce voyage spirituel et intellectuel souligne son désir de reconnecter avec des racines profondes, en particulier la culture africaine et arabe. « I stop and think about the brothers and sisters in Africa » montre une conscience aiguë des luttes passées et présentes des peuples noirs, tout en dénonçant des systèmes d’oppression universels tels que l’apartheid. Psychologiquement, cela reflète un besoin de sens collectif et historique, une quête de réappropriation culturelle qui renforce l’identité et le sentiment d’appartenance.

6. Le rôle de la spiritualité et de l’illumination intérieure :

« Understand your third eye’s seen all of that » fait référence à l’illumination spirituelle, à travers l’image du « troisième œil », un symbole souvent associé à la clairvoyance et à la sagesse intérieure. Pour Rakim, la véritable compréhension ne passe pas seulement par les expériences physiques ou matérielles, mais aussi par la conscience spirituelle. Psychologiquement, cela montre un processus de quête de sens au-delà du visible, où il utilise la méditation, l’introspection et la réflexion comme outils pour mieux comprendre la complexité du monde et de son propre être.

7. La réinvention de soi et la réévaluation de l’environnement :

Le couplet se termine par la phrase « It ain’t where you’re from, it’s where you’re at », une reprise d’un thème récurrent chez Rakim. Ce vers souligne que les circonstances de naissance (le ghetto ou toute autre situation difficile) ne déterminent pas la valeur ou le potentiel d’une personne. Psychologiquement, c’est une affirmation d’autodétermination et de réinvention. Rakim propose une forme de pensée émancipatrice : même si l’on vient d’un environnement difficile, ce sont les actions, les choix et la manière dont on se positionne dans le présent qui comptent.

8. Voyage intérieur et expansion de la conscience :

Tout au long du couplet, Rakim décrit un voyage mental et spirituel. Ce voyage « around the world twice » traverse des lieux symboliques et historiques comme l’Arabie ou l’Afrique, tout en évoquant les luttes contemporaines. Ce processus de pensée dynamique représente une quête psychologique d’expansion de la conscience. L’esprit de Rakim n’est pas limité par les frontières géographiques ou temporelles ; il explore l’histoire et la culture comme des éléments clés de son propre développement personnel et intellectuel.

9. Lutte pour la justice sociale :

« Not only there, but right here’s an apartheid » montre une conscience de l’injustice présente, non seulement à l’étranger (en Afrique du Sud), mais aussi aux États-Unis. Cette référence à l’apartheid renforce l’idée que la ségrégation et les inégalités sont des réalités mondiales. Rakim utilise cette prise de conscience pour encourager une réaction collective : « So now is the time for us to react ». Psychologiquement, cela montre qu’il se sent investi d’une mission de changement social, où la compréhension des injustices du passé et du présent doit mener à l’action.

Ce couplet révèle une profondeur psychologique impressionnante, où Rakim navigue entre introspection personnelle, exploration historique et quête spirituelle. Il utilise des images fortes pour représenter son évasion mentale, sa réinvention de soi et son désir de transcender les limites du ghetto. À travers ce voyage spirituel, il met en lumière l’importance de l’éducation, de la conscience historique et de la lutte pour la justice. Psychologiquement, Rakim apparaît comme un individu en quête d’un sens plus profond, utilisant la connaissance et la réflexion pour affronter les défis de son environnement et pour élargir sa compréhension du monde.

Couplet 3 📉

Ce dernier couplet de Rakim est une déclaration de pouvoir, d’ambition et de contrôle, tout en offrant une introspection sur la manière dont il gère la vie dans le ghetto, la célébrité et la maîtrise de son art. Ce passage est imprégné de références à la stratégie, à l’autoréflexion et à l’affirmation de soi. L’analyse psychologique de ce couplet montre comment Rakim utilise la rhétorique de la conquête et du contrôle pour affirmer sa domination sur son environnement et son métier de rappeur.

1. Le désir de pouvoir et de contrôle :

« No more props, I want property in every borough / Nobody’s stoppin’ me because I’m thorough » traduit un changement d’aspiration. Au lieu de chercher simplement la reconnaissance (les « props » ou les félicitations), Rakim vise à acquérir du pouvoir concret, représenté ici par la propriété immobilière dans chaque district de New York. Psychologiquement, cela montre une évolution dans ses priorités : il veut des acquis tangibles, symboles de réussite durable. Le besoin de contrôle sur son environnement, qui pourrait être interprété comme une réponse à l’instabilité du ghetto, est ici manifeste.

2. L’identification à une figure iconique et l’infiltration discrète :

« 007 is back and relaxin’ / On point and reactin’, and ready for action » montre que Rakim s’identifie à la figure de l’agent secret James Bond. Comme 007, il est toujours prêt pour l’action, mais il opère dans l’ombre, de manière discrète et stratégique. Psychologiquement, cela reflète un besoin de maintenir un contrôle constant tout en restant caché, voire insaisissable. Il cultive une image d’autorité et de mystère, en adoptant un profil bas (low-key), mais toujours prêt à intervenir. Cette stratégie psychologique lui permet de naviguer dans des environnements dangereux ou imprévisibles, tout en gardant l’avantage.

3. La maîtrise de l’art du rap :

« Wherever I bless a microphone » et « I’m a mechanic of bondin’ and mendin’, attachin’ and blendin' » indiquent un profond sentiment de maîtrise de son art. Rakim se voit comme un artisan ou un ingénieur, capable de « construire » des morceaux et des performances. Psychologiquement, cela montre son désir d’excellence et de perfection dans son domaine. Il ne se contente pas de performer, il « bénit » littéralement le microphone, ce qui sous-entend un lien quasi-spirituel avec son art. Cette vision peut être vue comme un mécanisme d’autovalidation : sa capacité à produire du rap de haute qualité renforce son estime de soi et son statut.

4. La dualité de la personnalité publique et privée :

« Incognito, and takin’ it easy / In front of a crowd, I get loud as a bum-rush » révèle une dualité dans la personnalité de Rakim. En privé, il se décrit comme quelqu’un de calme et discret, « incognito », mais lorsqu’il est sur scène, il se transforme, devenant explosif et imposant. Cette dualité pourrait être interprétée comme une gestion intelligente de son énergie et de son image publique, tout en restant conscient de la nécessité de préserver une partie de soi. Psychologiquement, c’est un signe d’une personne équilibrée, capable de passer de la discrétion à l’affirmation lorsqu’il le faut.

5. L’interaction avec ses pairs et le contrôle du milieu :

« Hopin’ the wack rapper put the mic back down » montre une forme de mépris pour les rappeurs qu’il juge moins talentueux. Psychologiquement, cela reflète une confiance en ses compétences et un besoin de protéger l’intégrité de son art face à ceux qu’il considère comme inférieurs. Il n’a pas besoin d’être le centre de l’attention en permanence, mais il intervient uniquement lorsque cela est nécessaire pour « corriger » la situation, ou pour rétablir l’ordre, comme un technicien ou un « mécanicien ».

6. L’affirmation de soi dans l’espace public :

« Footprints remain on stage ever since / Sidewalks and streets, I leave fossils and dents » est une métaphore de l’impact durable de Rakim. Il considère que partout où il est passé, que ce soit sur scène ou dans les rues, il laisse une marque indélébile. Psychologiquement, cela reflète un désir d’immortalité, ou du moins de laisser une empreinte significative dans son environnement. Le terme « fossils » suggère que son influence perdurera bien après son départ, ce qui montre un souci de la postérité et de la reconnaissance durable.

7. Sexualité et marque identitaire :

« When I had sex, I left my name on necks / My trademark was left throughout the projects » montre que Rakim intègre même des aspects de sa vie sexuelle dans son identité publique. Il utilise la métaphore d’un « marquage » pour signifier que ses relations intimes sont également un espace où il laisse une empreinte. Psychologiquement, cela peut refléter une quête de pouvoir et de domination, même dans des relations intimes. Il s’agit de marquer son territoire, de s’affirmer comme une force omniprésente, aussi bien dans les projets (ghettos) que dans les sphères personnelles.

8. La maîtrise des jeux d’argent et de la violence latente :

« I used to get rich when I played Cee-lo / When I rolled four-five-six, they go, ‘We know' » fait référence à sa capacité à gagner de l’argent en jouant au Cee-lo, un jeu de dés populaire dans le ghetto. Cette maîtrise des jeux d’argent symbolise son talent pour naviguer dans des environnements à haut risque. Il est conscient des dangers autour de lui, comme le montre la ligne « I’ve got my back, my gun’s on my side ». Psychologiquement, cela peut illustrer une prise de conscience constante de la menace dans son environnement, et la nécessité d’être toujours prêt à se défendre. La violence latente est un mécanisme de protection dans ce contexte.

9. La relativisation des circonstances :

« It shouldn’t have to be like that / I guess it ain’t where you’re from, it’s where you’re at » est une conclusion qui rejoint un thème récurrent chez Rakim : les circonstances ne devraient pas imposer la manière dont la vie se déroule, mais ce qui compte vraiment, c’est ce que l’on fait dans le présent. Psychologiquement, cela montre une approche résiliente face à l’adversité. Rakim reconnaît que le monde peut être injuste ou violent, mais insiste sur l’importance de l’action personnelle et de la responsabilité individuelle pour surmonter ces obstacles.

Ce couplet révèle une complexité psychologique où Rakim se voit comme un maître de son art et de son environnement, tout en restant conscient des défis et des dangers qui l’entourent. Il manifeste un profond désir de contrôle, que ce soit à travers l’acquisition de propriétés, la domination sur le microphone, ou la maîtrise des jeux d’argent. En même temps, il sait gérer son image publique en équilibrant discrétion et puissance. Enfin, son insistance sur l’idée que « ce n’est pas d’où l’on vient, mais où l’on se trouve » souligne son optimisme face à la possibilité de transcender ses origines et de laisser une empreinte durable.

Paix et concentration 👁️


Liens

https://youtu.be/Ptr5O079kps?si=T0O_DAsB15n_aYCB


Author: Firebarzzz

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